Dans un monde professionnel en pleine mutation, où l’intelligence artificielle générative (IAg) devient omniprésente, comprendre ses usages réels est essentiel pour anticiper les transformations à venir. Une étude inédite (jointe ci-dessous), menée sur 200.000 conversations anonymisées entre utilisateurs américains et Microsoft Copilot, l’assistant IA de Bing, propose un éclairage passionnant sur les activités de travail les plus impactées par l’IA. Ce panorama – empirique, rigoureux et massif – est riche d’enseignements pour les professions du chiffre, à commencer par les experts-comptables et conseillers fiscaux.
L’étude révèle que les activités les plus souvent initiées par les utilisateurs tournent autour de trois grands axes :
Or, ce triptyque est au cœur du métier d’expert-comptable : veille technique, rédaction de notes ou d’avis, et vulgarisation auprès des clients. L’IA devient donc un partenaire logique pour certaines tâches, à condition d’en comprendre les limites.
L’un des apports majeurs de l’étude est la distinction entre :
Dans 40 % des cas, ces deux dimensions sont totalement disjointes. Par exemple, lorsqu’un utilisateur cherche à “rechercher une législation applicable”, l’IA se contente souvent de “fournir des informations” ou de “présenter des contenus existants”, sans véritablement accomplir la tâche initiale dans son ensemble.
Cette asymétrie souligne une réalité importante pour notre profession : l’IA assiste plus qu’elle n’automatise. Elle joue un rôle de coach, de rédacteur ou d’assistant documentaire, mais pas d’expert de substitution.
L’étude attribue un score d’“applicabilité de l’IA” à chaque profession, combinant trois éléments :
Les métiers les plus exposés sont les suivants :
Les experts-comptables, à cheval entre la gestion documentaire, le conseil, l’analyse et la communication client, se retrouvent clairement concernés.
Même si les données sont américaines, elles éclairent indirectement notre contexte :
Cette étude ne se contente pas de confirmer l’intuition selon laquelle l’IA transforme les métiers : elle en quantifie la portée, différencie les types d’activités, et appelle à une spécialisation accrue du professionnel. Pour les membres de l’OECCBB, le message est clair :
La compétence humaine reste irremplaçable, mais elle doit être réarticulée autour d’un usage éclairé de l’IA.
Comme le rappelle souvent l’Ordre, “notre valeur ne réside pas dans l’automatisation, mais dans l’interprétation”.
C’est dans cet esprit que l’Ordre a lancé son initiative stratégique en intelligence artificielle, destinée à accompagner concrètement la transformation numérique de la profession. Elle vise à donner à chaque expert-comptable et conseiller fiscal les clés pour s’approprier les outils IA, en comprendre les usages réels, et bâtir progressivement une trajectoire d’intégration adaptée à la réalité du terrain.