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L’Europe trace sa voie en IA, et notre profession reste à quai: un réveil nécessaire pour les experts-comptables et conseillers fiscaux porté par l'OECCBB!

L’annonce de la Commission européenne, qui déploie un plan massif de 200 milliards d’euros autour de l’intelligence artificielle (IA), ne peut pas laisser indifférent. Ce plan stratégique, articulé autour de cinq piliers structurants, ambitionne de faire de l’Europe un continent leader en matière d’IA. Mais alors que l’Europe accélère, une question s’impose dans notre propre sphère : où en est la profession des experts-comptables et conseillers fiscaux ? Sommes-nous prêts pour cette révolution technologique ou, une fois de plus, sommes-nous en train de rater un virage décisif ?


L’Europe mobilisée autour de cinq axes pour l’IA

Le “AI Continent Action Plan” s’articule autour de cinq piliers :

  1. Développer des infrastructures informatiques et de données massives.
  2. Faciliter l’accès à des données de haute qualité.
  3. Stimuler l’adoption de l’IA dans les secteurs stratégiques.
  4. Renforcer les compétences humaines et la formation.
  5. Simplifier la réglementation, notamment via l’AI Act.

La création de gigausines d’IA, le soutien aux PME, l’émergence de “data spaces” européens, ou encore la plateforme “AI Act Service Desk” montrent à quel point Bruxelles est décidée à ne pas rester en marge de la course mondiale.


Profession : un sous-investissement chronique malgré des élans pionniers

Il serait injuste de prétendre que la profession est restée totalement passive face aux évolutions technologiques. Dès 2011, nous avons été parmi les premiers à initier un protocole de facture électronique structuré, en lançant ce qui allait devenir l’initiative BillToBox. Ce projet – novateur à l’époque – visait à offrir un canal sécurisé, standardisé et intégré pour la circulation des documents comptables, anticipant de plusieurs années les évolutions réglementaires.

Mais cet élan pionnier n’a malheureusement pas trouvé l’écho qu’il méritait. Transmise ensuite à l’ITAA, l’initiative BillToBox n’a connu qu’un développement marginal sur près de huit ans, alors même que le besoin de transformation digitale s’est accéléré dans tous les secteurs. Pendant que d’autres professions structuraient leur passage au numérique, nous avons trop souvent confondu prudence et immobilisme.

Aujourd’hui encore, alors que l’Europe se dote de giga-usines d’intelligence artificielle et que les États-Unis investissent des centaines de milliards dans cette course, notre profession continue de sous-investir massivement dans l’IA. Il ne s’agit pas seulement d’un retard technologique, mais d’un retard culturel, nourri par une méconnaissance du sujet et par la peur d’un changement de paradigme.

Combien de cabinets ont mis en place une veille technologique active sur les usages de l’IA ? Combien ont testé des outils en environnement sécurisé ? Trop souvent, l’IA reste cantonnée à une slide en fin de présentation PowerPoint, sans réel impact dans les processus quotidiens du cabinet.

Cette résistance au changement risque de coûter cher. À mesure que les clients, eux, s’équipent d’outils intelligents, leur exigence envers leurs conseils augmente. Et à défaut d’y répondre, c’est notre proximité avec le client – et notre pertinence stratégique – qui s’érode.


Un risque de déconnexion grandissante

À mesure que les entreprises adoptent des outils d’IA pour automatiser leurs processus comptables, analyser leurs risques fiscaux ou modéliser des scénarios budgétaires, elles attendront de leurs conseils la même agilité technologique. Un fossé est en train de se creuser entre les attentes du marché et la capacité de notre profession à y répondre.

Le risque est clair : en refusant d’évoluer, nous devenons moins pertinents, moins attractifs, voire marginalisés. Dans une économie pilotée par les données et l’algorithmique, nous ne pouvons pas rester une profession du papier et du tableur.


Réagir : l’Ordre et le Forum For the Future montent au front

Conscients de cet enjeu, l’OECCBB et le Forum For the Future ont décidé de s’engager activement sur le terrain de l’intelligence artificielle. Leur ambition ? Offrir à la profession un outil concret, conçu pour et par les professionnels, qui combine les dernières technologies d’IA générative avec un conteneur de connaissances professionnelles.

Cet outil – actuellement en cours de développement – reposera sur une base de données alimentée par l’expertise collective, encodée de façon structurée, et activée par des moteurs d’IA de pointe. L’objectif n’est pas de remplacer l’expert, mais de lui donner un levier inédit d’analyse, de conseil et de productivité, adapté aux réalités et contraintes du métier.


Rattraper le train, sans délai

L’IA n’est pas une mode, c’est une nouvelle infrastructure du monde. Comme le web hier, elle transformera les métiers, les attentes des clients, et les modèles économiques. En s’emparant du sujet avec ambition, l’Europe donne un signal fort. À nous, professionnels du chiffre et du droit, de ne pas rater une fois de plus le rendez-vous avec l’histoire.

Notre crédibilité future se jouera sur notre capacité à conjuguer compétence technique, éthique et maîtrise technologique. L’inaction n’est plus une option.

Suivez le cycle de formation de l’OECCBB sur la facture électronique ou découvrez le potentiel de l’IA ainsi que ses perspectives concrètes pour notre profession. C’est par la compréhension et l’appropriation de ces outils que nous pourrons redevenir des acteurs crédibles de l’innovation.

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