​La rancoeur à bas bruit.

Vous entendez cette colère sociale et politique qui gronde sournoisement ? Cette parole que les réseaux sociaux ont libérée et qui laisse désormais s’échapper tout le fiel de l’exclusion et du racisme ? Vous les voyez, ces responsables politiques de tous bords, que l’air du temps a transformés en tribuns fous et haineux ? Je pense à Trump, à Bolsonaro, à Farage, mais aussi à tous les moins-gradés qui transforment leurs coupables complexes et oppressions intérieures en revanche sur l’humanité. Vous les voyez, dans la foulée de ces réalités aux accents religieux, ces droits des femmes qui se referment, dans l’oppression maritale et qui finiront par conduire à leur interdire la contraception, et dans les régions les plus sombres, aux lapidations et autres procès en sorcellerie. J’exagère ? À long terme, non.

Et tout cela dans un contexte où une élite se pavane dans l’argent et qui magnétise une vie d’opulence, que les moins chanceux observent les yeux rivés sur leur smartphone, dans l’autisme croissant des vies solitaires et manipulables.

Et devant ces sournoises réalités à bas bruit, le pouvoir politique ne prêche plus la solidarité, la bienveillance, l’écoute, bref le vivre-ensemble. Il faut s’écarter de l’extrême centre (que je n’aime pas beaucoup non plus) et écarteler en polarisant, à coup d’effets d’estrades, de mentons mussoliniens, et de punchlines. Cela ne mène nulle part, sinon à déformer les réalités dans une amnésie de l’histoire et sans aucune perspective de futur que l’égoïsme immédiat.

Depuis toujours, la sphère professionnelle suscite et entretient ses dichotomies. Aujourd’hui, les Américains distinguent eux-mêmes les anywhere (nomades ou mobiles) des somewhere (sédentaires), c’est-à-dire les gagnants et les perdants de la mondialisation, selon la capacité des humains à se mouvoir dans l’économie digitale et à se dissocier de leur ancrage territorial. Les somewhere sont les perdants assumés de l’évolution récente. On comprend d’ailleurs combien cette nécessité de mobilité crée l’anxiété sociale dans une économie mondialisée, d’autant plus que le travail « ubérisé », version moderne du servage féodal, est émietté, invisible et non valorisé. C’est un travail dispersé qui ne s’inscrit plus que dans les anfractuosités de la numérisation.

Nous avons une vision de la guerre qui nous ramène mécaniquement aux images des conflits mondiaux. Mais ce n’est pas vers celle-là que nous risquons de nous diriger : c’est vers la dissension civile. L’un contre l’autre. Et devant ces lambeaux de sociétés, même la démocratie est mise en cause, car tandis que certains veulent imposer la loi de la majorité silencieuse, d’autres la réfutent.

Cela me rappelle les intemporelles paroles de Jean-Jacques Goldman :

Des jurons, des slogans, toutes ces fausses insolences
Des looks, ces uniformes qui font marcher au pas
Oh, t'en trouveras des tas
Pour te faire ces plans là
Alors, compte pas trop sur moi

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