Cette interrogation peut sembler invraisemblable et incongrue alors que les pays européens et les États-Unis sont unis dans l’OTAN, et que ce dernier pays nous a libérés, par deux fois, de l’invasion allemande.
Le monde se reconfigure à une vitesse stupéfiante, et les alliances, qui régissent les équilibres internationaux, se décomposent et s’agrègent à la vitesse de l’éclair.
Et, à mes yeux, tout cela se passera vers 2028, année de l’élection (ou l’absence d’élection) présidentielle américaine.
Autour de cette année, il est plus que probable que la France soit dirigée par le RN et que l’AfD allemande soit (presque) au pouvoir. On connaît l’admiration (et le financement) du RN par la Russie, et la proximité paradoxale de ce parti avec la droite extrême américaine. L’AfD, de son côté, est ouvertement proche de certains courants de droite dure de la politique américaine qui la soutiennent, s’oppose à l’OTAN et est proche de la Russie.
L’alchimie pourrait conduire à ce que ces deux pays montrent une complaisance simultanée avec deux régimes autoritaires, la Russie et les États-Unis. Et, en poussant les choses plus loin, comme les États-Unis se rapprochent de la Russie, c’est toute l’Europe qui se désintégrerait de l’intérieur, c’est-à-dire par implosion, notamment dans le domaine militaire puisque l’Europe n’a jamais réussi à aligner une défense commune.
Et, paradoxalement, nous pourrions assister à trois guerres simultanées : l’invasion de Taïwan par la Chine, celle des États baltes et d’autres pays de l’OTAN, que nous ne voudrons ni ne serons capables de défendre, par la Russie, tandis que les États-Unis pourraient envahir le Groenland et se placer en situation de guerre avec le Danemark, pourtant membre de l’OTAN, et donc avec le reste de l’Europe.
Et c’est donc l’Europe, vieux continent désindustrialisé à la politique imprécise, voire indécise, qui simultanément ouvre, dans tous les domaines, ses marchés à la Chine, ce qui sera d’ailleurs un motif de reproche des États-Unis.
C’est cette même Europe qui est désormais obligée d’acheter du matériel militaire et des armements aux États-Unis, accentuant sa dépendance, tout en se voyant obligée d’investir des sommes aux États-Unis, au détriment de notre économie, dont les bénéfices et capitaux ne pourront évidemment jamais revenir en Europe car bloqués aux États-Unis.
C’est certes une vision dramatique – car il n’y a pas d’autres mots – de l’histoire, mais qui est plausible.
L’histoire est très versatile. Qui aurait pu croire, en juillet 1939, que l’Allemagne nazie et anti-bolchevique signerait le pacte Molotov-Ribbentrop, avant qu’elle n’envahisse, en 1941, la Russie ?