
Une conférence de presse conjointe avec la présidente de la délégation, Lídia Pereira, et Wopke Hoekstra, commissaire chargé du climat, de la neutralité carbone et de la croissance propre, s’est tenue le mercredi 19 novembre.
"À la COP30, malgré nos efforts constants et le mandat clair du Parlement concernant l’atténuation et la sortie des combustibles fossiles, nous avons été confrontés à un front uni BRICS–États arabes ainsi qu’à une Présidence qui n’était pas disposée à atteindre notre niveau d’ambition. Nous regrettons que le résultat final ne soit pas allé plus loin. Néanmoins, nous avons obtenu la reconnaissance de la nécessité de répondre au problème des émissions, l’organisation d’un événement de haut niveau consacré à la mise en œuvre, ainsi que des avancées à travers la Mission Belém 1,5 °C, l’Accélérateur mondial de la mise en œuvre et une initiative plurilatérale sur la transition hors des combustibles fossiles. En matière d’adaptation, le volet financier a été préservé dans le cadre du nouvel objectif collectif quantifié de financement climatique (NCQG), et nous avons obtenu une recommandation visant au moins à tripler les soutiens d’ici 2035, renforçant ainsi la solidarité avec les plus vulnérables. Les aspects commerciaux des négociations ont été maintenus, avec l’ajout d’un rapport. Et bien que l’élan de l’action climatique mondiale demeure inférieur à ce qu’il devrait être, le multilatéralisme a tenu, et nous restons déterminés à promouvoir l’ambition que la science exige." a déclaré Lídia Pereira (PPE, PT), présidente de la délégation.
"L’issue de la COP30 établit une base minimale pour l’action climatique mondiale, mais le rythme demeure largement insuffisant face à l’urgence de la crise climatique. Ce résultat confirme que l’écart entre l’ambition affichée et les réductions effectives d’émissions reste considérable. Il ne s’agit pas du progrès majeur dont le monde a aujourd’hui besoin. Le président Lula avait fixé un niveau d’exigence élevé, et l’UE s’est présentée avec l’intention de jouer un rôle moteur au sein d’une coalition de pays ambitieux. Toutefois, la résistance de certains États producteurs de pétrole, entre autres, a été trop forte, et les équilibres géopolitiques se sont nettement modifiés. Aux côtés du Royaume-Uni, l’UE a dû aller à contre-courant pour préserver un minimum d’ambition. Cela isole l’Europe du reste du monde. L’UE doit désormais s’attacher, de toute urgence, à consolider des coalitions afin d’éviter de se retrouver de nouveau isolée lors des prochaines négociations." a déclaré Mohammed Chahim (S&D, NL), vice-président de la délégation.
Dans le cadre de l'accord de Paris de 2015, 194 pays ont convenu de maintenir l'évolution moyenne de la température mondiale bien en dessous de 2 °C et aussi proche que possible de 1,5 °C d'ici la fin du siècle. Pour ce faire, ils ont accepté de soumettre des CDN qui représentent leurs objectifs individuels de réduction des émissions.
L'Union européenne est fermement attachée à l'accord de Paris et a défini clairement la voie à suivre pour atteindre ses objectifs et la neutralité climatique d'ici à 2050, grâce à des politiques fondées sur la science. Ne représentant que 6 % des émissions mondiales, l'UE a déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 37 % depuis 1990, tout en développant son économie de 71 %. Ces progrès constants maintiennent l'Europe sur la bonne voie pour atteindre son objectif climatique à l'horizon 2030 consistant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
Avant la COP30, l'UE a présenté, dans le cadre de l'accord de Paris, une nouvelle CDN ambitieuse visant à réduire les émissions nettes de GES de 66,25 à 72,5 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici à 2035, couvrant tous les secteurs de l'économie et tous les GES. Ce nouvel engagement international est une étape clé dans la poursuite de nouvelles réductions d'émissions au cours de la décennie à venir. À la suite de l'adoption par le Conseil, l'UE fait progresser ses discussions nationales en vue de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 90 % d'ici à 2040 par rapport aux niveaux de 1990, établissant ainsi une trajectoire claire vers la neutralité carbone.
L'UE reste le premier bailleur de fonds international en faveur de la lutte contre le changement climatique dans le monde. Avec ses États membres, elle a fourni un total de 31,7 milliards d'euros provenant de sources publiques en 2024 et mobilisé 11 milliards d'euros supplémentaires de financement privé. Ce fonds finance des projets dans les pays en développement du monde entier qui aident à réduire les émissions et à renforcer la résilience aux impacts du changement climatique.
Mandat de négociation de l'UE pour la COP30
L'UE à la COP30 Conférence des Nations unies sur les changements climatiques
Alors que la COP30 s’achève à Belém, et que les négociations se sont prolongées jusqu’à tard dans la nuit et tôt ce matin, le Ministre fédéral du climat Jean-Luc CRUCKE, qui était chef de délégation pour la Belgique lors de cette COP, toujours présent sur place, prend position : le dernier texte soumis par le Brésil et approuvé n’était clairement pas à la hauteur des impératifs scientifiques et des ambitions espérées. Le GIEC rappelle que les émissions mondiales doivent encore diminuer de 43 % d’ici 2030 pour contenir le réchauffement sous 1,5°C (GIEC, AR6).
Le texte approuvé réaffirme l'ambition et confirme que le Brésil lancera des initiatives afin de soutenir l'accélération de l'implémentation par tous les acteurs et tous les pays. Même s'il ne reprend pas la proposition d'un processus clair pour le phasage de la sortie des énergies fossiles, ces initiatives contribueront à l’amélioration des prévisions scientifiques de l’augmentation des températures et diminueront les emissions des gaz à effet de serre.
L’accord prévoit la tenue d’un « High level event » en 2026 et un « accélérateur mondial de la mise en œuvre » pour soutenir l’ambition. Cela signifie que le Brésil va lancer durant sa présidence des initiatives pour travailler sur l’implémentation
Concernant le financement, l'accord reconfirme l'objective de financement pour les pays en développement accordé l'année passée à COP29 en Baku, et appel dans ce cadre à tripler le financelent pour l'adaptation, sans que l'objective global de 300 milliard est mis en question.
Mais si l’accord global déçoit, la Belgique peut être fière de son rôle et de sa constance aux côtés des États qui agissent réellement. Notre pays, renforcé par son alliance au sein du BENELUX, figure parmi les Etats ayant soutenu l’initiative internationale portée par la Colombie, à laquelle une coalition importante de nations ont désormais adhéré, visant à organiser la sortie juste et planifiée des énergies fossiles.
Cette dynamique concrète, portée par des pays qui ne veulent plus attendre le plus petit dénominateur commun, constitue une perspective solide pour l’après-COP. La Belgique continuera d’y jouer un rôle actif, déterminé et constructif.
La Belgique poursuivra ses efforts pour construire et maintenir des alliances : avec la Colombie, au sein du Benelux et de l’Union Européenne, avec les pays Africains et globalement avec l’ensemble des pays ambitieux… Mais aussi et surtout, avec ses acteurs économiques et avec ses citoyens.
Mais ce que le monde retiendra aussi ce sont deux faits majeurs qui ont émaillé la plénière lors de laquelle le texte final a été adopté :
- Le Brésil, qui a la présidence pour l'année à venir, s'est engagé unilatéralement à élaborer une roadmap concernant la sortie des énergies fossiles et la question de la déforestation, suite à la pression mise par les pays ambitieux, menée par la Colombie. Ceci a été fortement applaudi dans la salle. L’ initiative de la présidence Brésilienne concernant la roadmap relative à la sortie des énergies fossile sera menée dans le cadre de l’initiative Colombienne dont le premier rendez-vous international se tiendra fin avril 2026 à Santa Maria.
- La Colombie a par ailleurs émis son opposition sur un texte autre que le ‘cover text’ et qui porte sur l’atténuation, mais qui a néanmoins été mis dans le package par la présidence brésilienne (et ils ont fait savoir que c'était plus qu'une objection impliquant une simple annotation). La Colombie a indiqué que c’était un refus catégorique et a demandé à ce que le phasing out pour les énergies fossiles y soit mentionné pour être voté.
Suite à cela, le Brésil a proposé de faire des consultations sur Global goal on adaptation & mitigation work program jusqu'à la session de Bonn en juin, et elle prendra en compte les plusieurs points faits sur la transition et sur les indicateurs sur adaptation.
« Cet incident confirme que le monde est littéralement fracturé entre les pays ambitieux et ceux qui ne le sont pas, dont des détenteurs d’énergies fossiles mais aussi que la Belgique a eu raison de rejoindre l’initiative Colombienne. Plus que jamais, nous devons assurer, notamment, notre indépendance énergétique » déclare le Ministre Jean-Luc CRUCKE.
A la sortie de la séance plénière, le Ministre Jean-Luc CRUCKE, déclare que « Il y a des jours où la lumière tarde à percer, mais il faut savoir s’accrocher au moindre rayon pour continuer à avancer. Nous le devons aussi à nos entreprises et nos citoyens : le modèle économique montre ses limites, perd progressivement en compétitivité, et pour nous, la COP n’est pas seulement un rendez-vous climatique mais également un sommet économique crucial pour notre prospérité. »