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Chômage limité dans le temps: qui seront les gagnants et les perdants?

Les syndicats qualifient de décision insensée la limitation du chômage dans le temps. Ce sont, il est vrai, les seuls véritables perdants avec cette mesure.

Les syndicats se sont battus, avec succès, pour le droit au travail. Maisn’ont-ils pas perdu de vue leur mission fondamentale quand ils se battent désormais principalement pour le droit de ne pas travailler de manière illimitée dans le temps? Après tout, si on reçoit des allocations pour ne pas travailler, pourquoi chercher du travail? Qui sont les gagnants et les perdants de cette mesure?

"100.000 chômeurs vont perdre leurs allocations", crient à l’unisson syndicats et quelques économistes. Il s’agit ici d’une perspective très statique et statistique. Les études démontrent qu’avec une limitation dans le temps des allocations de chômage, un tiers des chômeurs retrouvent du travail. Car ce n’est pas le chômeur qui est en cause mais un système unique au monde qui a permis le chômage à vie en Belgique; système dans lequel il est normal que les gens ne soient guère motivés à chercher activement du travail. On constate aussi qu’un autre tiers renonce à des prestations sociales parce qu’il n’en a pas réellement besoin pour (sur)vivre. Enfin, le dernier autre tiers se tourne vers les CPAS, dont le rôle est également de les orienter vers le marché du travail. Des budgets ont d’ailleurs été débloqués à cet effet.


Si un tiers des 100.000 chômeurs trouve du travail, cela rapportera un milliard d’euros au budget.


Un effet bénéfique sur le budget de l’État

Le plus grand gagnant de cette mesure est le budget de l’État. Après tout, chaque chômeur qui trouve du travail paie des cotisations sociales et des impôts, ce qui rapporte au gouvernement une moyenne de 11.000 euros par personne. Le coût par chômeur, composé de l'allocation chômage et des frais d'orientation et d'administration, de 21.000 euros, sera épargné. Chaque chômeur qui va travailler a donc un impact positif sur le budget de 32.000 euros.

Si un tiers des 100.000 chômeurs trouve du travail, cela rapportera un milliard d’euros au budget. Si un autre tiers renonce aux allocations, cela entraînera une économie supplémentaire de 650 millions d’euros. Ces chiffres sont sous-estimés, car ils ne tiennent pas compte du fait que les chômeurs, y compris ceux qui sont au chômage depuis moins de deux ans, seront motivés à chercher du travail le plus rapidement que possible.


La mobilité interrégionale devrait croître

Étant donné que la situation en Belgique était unique, nous n’avons pas de véritables points de comparaison, mais nous avons quelques indications: lorsque la Slovénie a limité le chômage de 12 à six mois, l’emploi a augmenté de 19% pour les hommes et de 31% pour les femmes.

Les entreprises y gagnent aussi. De fait, la motivation des chômeurs va augmenter et on peut donc supposer que les 130.000 postes vacants seront pourvus plus rapidement. On le sait: trouver des travailleurs motivés et qualifiés reste le plus grand obstacle à une croissance future. On peut également supposer que la mobilité interrégionale va augmenter.

Ceci nous amène aux relations entre Régions. La limitation dans le temps aun impact particulier en Wallonie, où vit la moitié des chômeurs de longue durée, et à Bruxelles, où vit un quart d’entre eux. Si nous parvenons à les faire travailler davantage, les transferts diminueront. Avec un taux de participation de 80% à l'échelle de la Belgique, les transferts disparaîtront comme neige au soleil et le principal argument en faveur de la division du pays disparaîtra.


La prochaine étape devrait être que les allocations de chômage ne soient plus versées par les syndicats, mais par la caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage, la Capac.


Les syndicats seront les principaux perdants

Les seuls véritables perdants avec cette mesure sont les syndicats. Après tout, ils sont généreusement rémunérés pour payer les chômeurs; un montant qui, après l'augmentation de 20 millions d’euros en 2023, est estimé à 200 millions d’euros par an.

Limiter le chômage dans le temps, avec 100.000 chômeurs en moins, réduirait cette subvention d’un tiers. Il est normal qu’ils qualifient la mesure comme insensée. La prochaine étape, à mon avis, devrait être que les allocations de chômage ne soient plus versées par les syndicats, mais uniquement par la caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage, la Capac. Après tout, les syndicats doivent s’efforcer d’aider les chômeurs à exercer leur droit au travail, et non de maintenir les gens au chômage.


Cette chronique ets également publiée dans l'Echo.

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