Sommes-nous et restons-nous des tiers de confiance? Vers une éthique augmentée!

L’automatisation, l’intelligence artificielle (IA), la robotique, la chaîne de blocs et d’autres technologies pourraient éliminer jusqu’à 30 % des emplois d’ici 2035, environ, selon un article de PwC.


Bon nombre de fonctions comptables seraient du lot. En effet, lorsqu’on l’utilise pour automatiser des tâches routinières, analyser des contrats complexes ou porter des jugements en ayant recours à la modélisation et à l’analy- tique, entre autres, l’IA permet d’améliorer l’efficacité et la qualité du travail, tout en libérant les professionnels, qui peuvent alors se concentrer sur ce qui génère davantage de valeur pour les clients.

Comment le professionnel comptable, dont le rôle principal est probablement celui de par- tenaire de confiance, peut-il bâtir et maintenir cette confiance alors que des machines accom- plissent une part de plus en plus grande de son travail ?

Quels sont les avantages et les risques du re- cours à la technologie pour la création des rap- ports financiers, l’évaluation et l’amélioration de la performance des entreprises, les services fiscaux et l’audit des états financiers ?

L’intérêt public sera-t-il bien protégé si des agents intelligents, et non des humains, prennent les décisions ?

Qui sera responsable en cas d’erreur ? L’humain ou la machine ?

Comme tiers de confiance, les experts-comp- tables doivent construire une conception éthique menant au développement et au dé- ploiement de systèmes d’IA axés sur l’intégrité, la transparence et la responsabilité.

L’IA est essentiellement un système de prédic- tion dont les professionnels se servent pour créer des modèles aussi justes que possible à partir des informations complexes et incomplètes dont ils disposent.

Mais il subsiste toujours une marge d’erreur.

Il ne faut pas s’attendre à ce que l’IA produise des résultats parfaits. Cela dit, il est possible – et souhaitable – de mettre en place des mesures et des systèmes de détection des erreurs et de réduction des risques.

Pour ce faire, il est essentiel d’établir un environnement de confiance fondé sur les principes suivants.

  • Éthique – Les normes éthiques et sociales, y compris les valeurs de la société, sont-elles respectées ?
  • Reddition de comptes – Y a-t-il un responsable clairement désigné ? Le fonctionne- ment de l’IA, la nature des données utilisées et le cadre de décision appliqué sont-ils bien définis et compris ?
  • Responsabilité sociale – A-t-on pris en compte, dans la conception de l’IA, l’incidence sociale à l’échelle locale et à plus grande échelle, y compris l’incidence sur le bien-être financier, physique et mental des humains ?
  • Fiabilité – Peut-on avoir l’assurance que l’IA se comportera comme prévu non seulement pendant la phase initiale de formation ou de modélisation, mais aussi tout au long de son apprentissage et de son évolution ?

Il ne faut pas oublier que l’IA est conçue non pas pour donner une réponse exacte, mais plutôt la meilleure réponse possible en fonction de l’infor- mation disponible.

Qui plus est, sa performance dépend étroitement de l’entraînement qu’elle a reçu. Ses résultats peuvent donc être influencés par un mauvais entraînement, par des données de piètre qualité et par divers biais.

Tout porte à croire que l’utilisation de l’IA se répandra rapidement, mais une période de rodage est à prévoir. Or la vitesse de traitement et les capacités décisionnelles de l’IA évoluent beaucoup plus vite que celles des outils de surveillance et de validation.

Pour faire face à tous ces défis, l’IESBA (International Ethics Standards Board for Accountants) revoit son code de déontologie et lance un projet sur l’éthique et la technologie.

L’entrée en vigueur, en 2023, du code de déontologie révisé et restructuré du Conseil des normes internationales de déontologie comp- table (IESBA) touchera quelque 3 millions de comptables dans le monde entier.

Ce code se veut plus clair, et plus facile à appliquer et à faire respecter. On y trouve notam- ment de nouvelles indications sur le jugement professionnel et l’esprit critique, une norme sur la réponse aux cas de non-conformité aux textes légaux et réglementaires, et de nouvelles dispositions sur les situations susceptibles de porter atteinte aux principes fondamentaux (compétence professionnelle et diligence, intégrité, objectivité, confidentialité et comportement professionnel).

« Tout se ramène à ceci : gagner ou perdre. On ne reste jamais stationnaire, car ne pas bouger, c’est commencer à perdre. » Citation attribuée à François Mitterrand.

Eh bien, les professionnels du chiffre bougent, anticipent et prennent des risques mesurés : c’est leur ADN de tiers de confiance qui se joue sur cette nouvelle vague.


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