Qui peut croire l’Europe assez forte pour s’engager hors de ses frontières ?

Munich 1938, Ukraine 2025 : le monde d’hier

Malgré les scintillements médiatiques et les promesses creuses, nous ne nous battrons pas pour l’Ukraine. Ni nous, ni les Américains. Et si, aujourd’hui, la présidente de la Commission européenne parle de réarmement de l’Europe, c’est de manière défensive, non offensive. D’ailleurs, après Munich en septembre 1938 et l’invasion de la Pologne en septembre 1939, qui peut croire l’Europe assez forte pour s’engager hors de ses frontières ?

Mais il y a quelque chose de bien plus grave. Si l’Europe existe de manière figurative, elle n’a pas pris racine dans l’humus des peuples, comme l’écrivait Stefan Zweig (1881-1942). Dans son texte de 1934, « L’Unification de l’Europe », il anticipait notre situation : « Il faut prendre conscience des difficultés exceptionnelles qui entravent l’idée européenne, car elle n’appartient qu’à une mince élite et n’a pas de racines dans l’humus des peuples. Admettons la suprématie de l’idée adverse, le nationalisme. L’idée européenne n’est ni instinctive ni originelle ; elle naît de la réflexion, fruit mûri d’une pensée élevée, mais sans l’élan passionné du patriotisme. »

Se battre pour l’Europe supposerait un patriotisme européen. Mais qu’est-ce que le patriotisme ? Un projet de société, un consentement à un avenir partagé, un assentiment à une solidarité, et surtout une aspiration démocratique. Malheureusement, c’est précisément ce que l’Europe ne représente pas. Quel est le projet moral et unificateur européen ? Qui l’incarne dans la transpiration partagée de l’effort collectif ? Personne. C’est cette réalité que les dirigeants européens – ou ceux qui prétendent assumer des responsabilités – doivent intégrer.

Leur responsabilité à l’aune de l’histoire est IMMENSE.

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