Projection. ​Trump réélu, où sera notre économie en 2028 ?

Tout sera bien sûr bouleversé par les aléas du temps, mais je m’essaie à imaginer certains états du monde, et plus particulièrement de l’économie, en novembre 2028, mois au cours duquel les Américains ne devront peut-être plus voter, comme Trump l’a déjà évoqué.

Trump réélu, c’est le néolibéralisme exposant l’économie de marché, ou plutôt Trump exposant Reagan, c’est-à-dire une économie américaine qui rugira à son seul profit. Cela signifierait probablement une militarisation du dollar qu’une Federal Reserve, mise sous la tutelle de la Maison-Blanche, devra déprécier, notamment par des achats massifs de dettes publiques américaines émises à des taux extrêmement bas. Il en résultera une inflation domestique, aussi emballée par des expulsions massives de travailleurs illégaux, mais l’importation de cette inflation sera freinée par des barrières tarifaires prohibitives à l’importation. Il pourrait aussi y avoir des défauts de paiement sélectifs sur la dette publique américaine détenue par des pays étrangers.

On assisterait à une forte appréciation des autres devises, rendant certes leurs importations moins coûteuses, mais étouffant les exportations, jusqu’à ce que les banques centrales décident, elles aussi, d’augmenter leurs bilans par une création monétaire sans précédent. La BCE, en particulier, aura à choisir entre maintenir une monnaie forte au prix d’une déflation et d’une récession, ou procéder à des refinancements massifs de dettes publiques, ce que certains pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, refuseront, risquant ainsi de créer un schisme au sein de la zone euro.

Quel sera l’état de la Bourse américaine, stimulée par des dérégulations multiples, des taux d’intérêt faibles et un dollar déprécié ? Je ne saurais dire. Un Dow Jones à 70 000 points, contre 42 000 aujourd’hui, sachant que le Dow Jones a crû de 56 % sous la présidence de Trump ? Bien sûr, cette croissance ne profiterait qu’aux Américains, puisque la conversion d’un Dow Jones avec un dollar déprécié serait moins impressionnante pour le reste du monde.

Je pense donc qu’une réélection de Trump serait une césure dans l’économie mondiale, et qu’il fera ce qu’il a promis : assurer la prospérité au détriment du reste du monde. Tous les économistes savent pourtant que, sur le long terme, cette politique serait destructrice de valeur pour la planète, et donc, in fine, pour les États-Unis eux-mêmes. Les Américains le savent d’autant mieux que les mesures protectionnistes mises en place sous les présidences de Hoover et de Nixon n’ont apporté que des problèmes, mais, à court terme, c’est un coup de blush.

En janvier 2024, Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré que la réélection de Trump représenterait une menace pour l’Europe. J’espère qu'elle a un plan monétaire bien ficelé sous le coude.

Et dernier point, sans jouer les prophètes, je pense que le cours de l’or, exprimé en dollars, pourrait doubler en 4 ans.

Mots clés

Articles recommandés

L’indépendance des avocats face aux investisseurs financiers : un arrêt marquant de la CJUE

La Belgique : un suprenant opéra au cœur d'une réalité kafkaïenne

4eme baisse consécutive des taux directeurs de 0,25 point de pourcentage, face aux incertitudes économiques