1er mai 2025. À la veille de la fête du Travail, l’OCDE a publié, dans son rapport annuel Taxing Wages, de nouvelles données sur la pression fiscale sur le travail dans les pays de l’OCDE. Pour la 25e année consécutive, le célibataire belge sans enfant reste le citoyen le plus lourdement taxé de l’OCDE. Il est évident – ou devrait l’être – qu’on ne peut pas continuer ainsi.
Le 1er mai, nous célébrons traditionnellement la fête du Travail. Cette journée a été instituée lors du congrès de la Deuxième Internationale, après que la American Federation of Labour ait proposé d’organiser, le 1er mai 1890, une action internationale pour revendiquer la journée de travail de huit heures. Devant le succès de cette action, la fête du Travail est devenue une tradition annuelle.
Aujourd’hui, 135 ans plus tard, le mouvement ouvrier international a obtenu de nombreux droits sociaux. Et à une époque où le marché du travail est en tension, il n’y a peut-être plus tant à revendiquer, si ce n’est de rester vigilant face aux acquis. Voilà pourquoi ce ne serait pas une mauvaise idée de faire du 1er mai la Journée de la pression fiscale sur le travail. Car c’est un thème qui peut rassembler tant les travailleurs que les employeurs.
Soyons honnêtes : en matière de pression fiscale sur le travail, la Belgique a un problème. Depuis 2000, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie chaque année un rapport intitulé Taxing Wages, qui mesure la pression fiscale sur le travail dans les 38 pays membres. Le dernier rapport, publié à la veille du 1er mai, révèle que la Belgique arrive en tête pour six des huit situations analysées. Le cas extrême reste celui du célibataire sans enfant qui, en 2024, sur un revenu brut moyen de 60.481 euros, a vu 52,6 % de ses revenus partir vers l’État. C’est donc, pour la 25e année consécutive, la personne la plus lourdement imposée de l’OCDE. Il fallait le faire.
Cette pression fiscale excessive fait l’unanimité, de gauche à droite, de l’employeur au travailleur, du jeune au moins jeune : elle réduit le pouvoir d’achat des travailleurs et nuit à la compétitivité des entreprises. Il faut y remédier.
Mais il faut aussi se demander pourquoi cette situation perdure alors qu’un tel consensus semble exister pour la corriger. La réponse est simple : tout le monde est pour une baisse de la pression fiscale… jusqu’à ce que cela devienne concret. Dans le contexte budgétaire actuel, une baisse pure et simple des charges est utopique. Il n’y a pas de marge budgétaire. Cela signifie que tout allègement de la pression fiscale sur le travail doit être compensé. Plusieurs pistes existent :
Mais sur la manière de procéder, il n’y a aucun consensus. Et c’est là le vrai problème.
Réduire la pression fiscale sur le travail implique de repenser notre modèle de société, à savoir l’État-providence. Ce que beaucoup oublient, c’est qu’à cette forte pression fiscale correspond également un niveau élevé de services publics. Les soins de santé et l’enseignement sont quasi gratuits et de bonne qualité. En cas de maladie ou de perte d’emploi, on est financièrement protégé. Même les entreprises bénéficient de nombreuses aides publiques.
Nous nous sommes tellement habitués à ce que l’État subvienne à de nombreux besoins que nous considérons cela comme une évidence. Mais ce ne l’est pas. La prise en charge par l’État coûte extrêmement cher, et ce sont les revenus du travail qui alimentent principalement cette machine.
Alors, si nous ne voulons plus maintenir cette pression fiscale à son niveau actuel, sommes-nous prêts à recevoir moins de soins et de soutien public ? Et si nous ne le sommes pas, sommes-nous prêts à accepter de nouveaux impôts ?
Refuser de maintenir la pression fiscale actuelle a des conséquences. Sommes-nous prêts à travailler plus longtemps, à payer plus pour les études, à augmenter le ticket modérateur pour les soins, à payer davantage pour les transports en commun, à renoncer à certaines aides aux entreprises ou à revoir le niveau des pensions ?
Et si nous ne sommes pas prêts à renoncer aux prestations publiques, sommes-nous prêts à introduire de nouveaux impôts ? Une taxe sur la fortune ? Une hausse de la TVA ? Une taxation des plus-values sur actions ? Et réalisons-nous que réduire la pression fiscale sur le travail diminue les recettes de l’impôt des personnes physiques, impactant directement les Régions et les communes, qui devront à leur tour prendre des mesures compensatoires ?
Voilà les questions fondamentales auxquelles il faut répondre – mais que le politique a du mal à affronter.
Tout le monde veut baisser la pression fiscale sur le travail, mais personne ne veut payer la facture. Ces derniers mois l’ont cruellement illustré : des entrepreneurs aux cheminots en grève, en passant par les magistrats, chacun pense que c’est à l’autre de résoudre le problème budgétaire. Mais cela ne fonctionne pas ainsi.
C’est pourquoi, en ce 1er mai, nous lançons un appel chaleureux à la responsabilité individuelle et collective. Réduire le déficit budgétaire et abaisser la pression fiscale sur le travail nécessitera des sacrifices de toutes parts, mais c’est indispensable pour préserver notre État-providence.
On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.