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Un jour, les jeunes et les actifs pourraient arrêter de payer pour les aînés !

Je suis conscient que ce titre peut choquer. En effet, nos systèmes sociaux reposent sur la solidarité intergénérationnelle : les citoyens actifs cotisent, non pas pour eux-mêmes, mais pour les inactifs, qu’ils soient en situation de maladie, de handicap, de perte d’emploi ou, évidemment, de pension.


Au début, ce système était pérenne. Il ne l’est plus pour plusieurs raisons : la natalité baisse dangereusement, le vieillissement de la population s’est amplifié par le baby-boom d’après-guerre, mais surtout par l’augmentation de l’espérance de vie. Mais ce n’est pas tout : la valeur du travail des actifs, ou plutôt leur rémunération, va baisser, en termes relatifs, en raison de l’intelligence artificielle. Et on voit d’ailleurs qu’aux États-Unis, et de manière contre-intuitive, ce sont les jeunes diplômés qui peinent à trouver un emploi car les travailleurs plus expérimentés remplacent leurs tâches de débutant par l’intelligence artificielle dans les métiers de service.

Et ce contexte s’inscrit dans une réalité : une partie de la population est au bord de la flottaison financière, tandis que le logement devient prohibitif et que l’accès à la propriété est inatteignable sans l’aide financière de leurs familles.

Et je suis très frappé de voir, sur les réseaux sociaux, de plus en plus de personnes qui s’insurgent contre le montant des retraites de certains qui sont supérieurs à la rémunération de nombreux travailleurs, dont ceux qui répondent aux besoins des personnes. D’ailleurs, le chiffre de la natalité est, en partie, le plus grand échec sociétal et patriotique, car il reflète le refus de se « reproduire » dans un contexte que de nombreux jeunes réfutent. C'est une sentence de mort pour l'avenir, une trahison silencieuse du contrat social.

Donc, je me dis qu’un jour, il pourrait y avoir un point de rupture. Sous quelles formes ? Je ne sais pas : un rééquilibrage des transferts sociaux vers les jeunes, une diminution de la couverture financière et médicale des aînés, un refus de payer pour les chômeurs et les malades de longue durée, ou pire – et je n’exclus pas – une sédition fiscale et sociale, c’est-à-dire le refus, par les jeunes, de payer des cotisations sociales et impôts.

Est-ce impensable ? Pas du tout. Il suffirait qu’une dizaine de milliers de personnes s’engagent sur cette voie pour faire imploser les administrations et les tribunaux.

J’espère, bien sûr, que cela n’arrivera jamais, mais c’est une réalité à surveiller. Et, de manière persistante, je me dis que la traditionnelle lutte des classes, ou l’opposition gauche-droite, sera peut-être transformée en un conflit d’abord silencieux, puis engagé, de générations. Et ce conflit ne sera pas court, car les jeunes rétorqueront aux aînés d'avoir profité d'un monde désormais perclus de dettes financières, environnementales, sociales, et dans un contexte de guerre larvée.

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