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​Responsables financiers ou investisseurs particuliers, comprenez l'enjeu monétaire!

Lorsque vous ouvrez un compte en dollars auprès de votre banque belge, vous verrez des dollars apparaître. En prenant des chiffres volontairement arrondis, si vous virez 1 000 euros sur votre compte en dollars, vous verrez un crédit sur ce dernier de l’ordre de 1 100 dollars. Vous croyez l’affaire conclue… mais rien n’est fait. Pensez-vous que quelqu’un, aux États-Unis, a autorisé la création de ces dollars, et encore moins leur utilisation ? Évidemment, non.

En réalité, ces dollars font l’objet de swaps, c’est-à-dire d’échanges entre banques centrales. De manière extrêmement simplifiée (et je présente mes humbles excuses aux spécialistes), la Banque centrale européenne (BCE) va échanger « vos » euros contre ces dollars auprès de la banque centrale américaine, la Federal Reserve. Et comme le monde a besoin de dollars, la Federal Reserve fournit sa « propre » liquidité au reste du monde, une situation qui entretient la dominance du dollar.

Le problème, c’est que les Américains ne contrôlent pas réellement ces dollars, même s’ils se sont arrogé un droit d’extraterritorialité. C’est à ce niveau que la révolution monétaire aura probablement lieu, bien que tout reste encore flou. Les banques centrales pourraient créer des monnaies numériques et/ou des stablecoins garantis par leurs institutions. Par exemple, la Federal Reserve pourrait créer des stablecoins garantis par le Trésor américain, en s’assurant que ces stablecoins, traçables grâce à des algorithmes, soient ceux utilisés dans les swaps entre banques centrales. La monnaie devient alors traçable. Les États-Unis contrôleraient ainsi l’ensemble du circuit monétaire en dollars, avec deux types de dollars en circulation : les dollars émis sous forme de pièces et de billets, et les autres.

Cette idée n’est pas nouvelle : elle a été théorisée par Irving Fisher dans les années 1930 sous le nom de Plan de Chicago, auquel j’ai consacré un ouvrage. Comme les autres banques centrales feront probablement de même, à commencer par la Chine, qui dispose d’une avance technologique considérable, la monnaie sera renationalisée, plutôt que de dépendre entièrement des flux de demandes et d’offres de capitaux.

Tout cela reste flou, mais, vu de loin, s’inscrit dans un contexte de déglobalisation et de souverainisme monétaire. En un mot comme en cents, nous entrons dans un nouveau monde monétaire qui ravive un très vieux débat. La Currency School et la Banking School étaient deux courants de pensée économiques opposés au début du 19e siècle au Royaume-Uni, débattant du contrôle de la masse monétaire. La Currency School prônait une stricte convertibilité de la monnaie en or, limitant l’émission de billets pour éviter l’inflation et stabiliser l’économie. À l’inverse, la Banking School défendait une où l’émission monétaire devait répondre aux besoins du commerce et de l’économie réelle. La Banking School l’emporta… jusqu’à ce jour...

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