Projet de loi sur les plus-values: un texte remanié, des arbitrages tranchés, des incertitudes persistantes
Temps de lecture: 3 min | 09 juil. 2025 à 04:10
Julien Limet
Associate @ Tetra Law
Impôt sur les plus-values : le projet de loi fuite à nouveau
Depuis les récentes négociations sur le sujet, le projet de loi instaurant un impôt sur les plus-values mobilières, dans une version remaniée, circule à nouveau et devrait être soumis au Conseil des ministres dès demain.
Notons que le texte opère plusieurs ajustements importants par rapport à l’avant-projet présenté en avril.
Les points principaux du texte :
L’exonération prévue en cas de détention des actifs financiers pendant 10 ans est supprimée.
Le seuil de participation de 20 % s’appréciera par contribuable uniquement, sans cumul avec les actions détenues par les membres de la famille.
Les parts bénéficiaires ne sont plus prises en compte dans le calcul de ce seuil.
Les plus-values issues de ventes jugées anormales seront imposées à 33 % et non à 10 %. Le régime de taxation actuelle des plus-values “anormales” par opposition à celles opérées “dans le cadre de la gestion normale d’un patrimoine privé” est donc maintenu, en parallèle de la nouvelle taxation.
En cas de donation à un non-résident, ce n’est plus un fait générateur de taxation, mais le risque d’abus n’est pas écarté, notamment si la donation est effectuée dans l’unique but d’éviter l’impôt, selon l’exposé des motifs.
En cas de vente à une société située hors de l’Espace économique européen (EEE), la taxation interviendra au taux de 16,5 %.
La taxe sur les opérations d’assurance (branches 21/23/26) est maintenue à 2 % et ne sera pas réduite à 0,7 %, contrairement à ce qui avait été annoncé dans la version précédente du texte.
La taxe Reynders (article 19bis du CIR) reste applicable mais est réajustée. En pratique, le calcul complexe de cette taxe continuera de poser des difficultés pour les banques et les contribuables.
Une conversion entre différents portefeuilles de cryptomonnaies ne sera pas considérée comme une réalisation (donc non imposable), mais l’achat d’un bien de consommation – comme une pizza – le sera. Cette distinction est clairement établie dans l’exposé des motifs.
La revalorisation de la quotité exemptée à l’impôt des personnes physiques (IPP), un temps envisagée comme mesure d’accompagnement, n’est plus au programme dans cette mouture du texte.
Une mise en œuvre en 2026 qui appelle à l’anticipation
Ce nouveau cadre fiscal, s’il est confirmé dans cette version, transformera en profondeur les choix de structuration patrimoniale et les opportunités de transmission.
Plusieurs opérations – cession, donation, rachat, structuration – méritent d’être analysées dès maintenant, dans une perspective stratégique, avant l’entrée en vigueur prévue en 2026. Le temps du conseil fiscal prévisionnel est revenu.