
C’est, en fait, une question politique et non financière.
Il y a un an, j’avais théorisé une baisse du dollar et une hausse du cours de l’or. Cela s’est matérialisé. Sans être un voyant (ni engager aucune institution à laquelle je collabore), je prévois la même chose, d’autant que la Federal Reserve va, d’une manière ou d’une autre, être mise sous le contrôle de la Maison-Blanche. Une baisse des taux d’intérêt est en effet nécessaire à Donald Trump pour gagner les élections de mi-mandat en novembre 2026, quitte à nier les chiffres réels de l’inflation.
Progressivement, le Trésor américain se finance à court terme à travers les T-bills. Cette tendance est accentuée par l’émission de stablecoins, elles aussi garanties par des obligations à court terme, ce qui exerce une pression baissière directe sur les rendements.
Cette orientation pèse mécaniquement sur le cours du dollar, dont l’attrait diminue à mesure que les rendements obligataires se replient. Par un effet de corrélation inverse, la baisse des taux réels et l’affaiblissement du billet vert favorisent une appréciation de l’or, qui retrouve son rôle de protection contre la dilution de la qualité de la dette.
Si cette ingénierie budgétaire permet d’optimiser le coût immédiat du financement, elle transforme de facto la dette américaine en une charge à taux variable, rendant le budget fédéral extrêmement vulnérable aux décisions futures de la Federa et aux chocs de liquidité mondiaux.
Ce changement de régime signale une ère où le Trésor, plus que la banque centrale, devient le pilote principal de la liquidité et de la dynamique des actifs de réserve. C’est là que l’on comprend pourquoi la politisation de la Federal Reserve est cruciale : elle sera contrainte de réduire ses taux d’intérêt sur ordre de la Maison-Blanche pour soutenir cet édifice.
Quand on ajoute à cela les dégagements des banques centrales mondiales par rapport au dollar, on constate que l’or — monnaie ultime à la valeur intrinsèque, sans risque de crédit ni de contrepartie — s’impose. Il ne faut jamais oublier que toute monnaie est la dette de quelqu’un d’autre ; ce n’est pas le cas de l’or.