La finitude, notion évoquant la limitation intrinsèque de toute ressource, capacité ou processus, nous confronte à la réalité que l’humanité ne peut survivre à l’infinité. Bien que souvent perçue comme une contrainte, la finitude est, en fait, un concept fondamental à intégrer dans nos modes de vie, nos décisions économiques et politiques, et nos relations avec l’environnement.
Comment la finitude s’étend jusqu’à nos finances publiques et pourquoi ce concept devrait influencer davantage nos prochains accords gouvernementaux ? Décodage.
La finitude se définit comme l’impossibilité d’une existence illimitée, tant pour les ressources naturelles que pour les ressources humaines. Selon Wikipédia, la finitude est liée à l’idée de limites imposées par la nature des choses, en l’occurrence la vie humaine et les ressources disponibles. Ce concept s’oppose directement aux idéaux de croissance illimitée ou d’expansion infinie, souvent véhiculés dans les modèles économiques traditionnels. La finitude nous rappelle que tout ce que nous utilisons, concevons ou consommons a un point d’épuisement inévitable. Nos actions, aussi banales soient-elles, nous placent ainsi face à un mur de limites : limites des matières premières, de l’énergie, des écosystèmes, mais également des capacités humaines. Ces limites constituent finalement une sorte de « terrain de jeu » dont les acteurs devraient simplement admettre qu’il n’y pas partie jouable au-delà de son périmètre.
Pour comprendre cette finitude, il suffit de se pencher sur quelques exemples édifiants, qui ne manquent pas de nous rappeler que nos ressources naturelles s’épuisent, souvent de façon irréversible.
Ces exemples montrent clairement que la finitude ne relève pas d’une théorie abstraite, mais d’une réalité tangible, mesurable et préoccupante. Nos modes de vie actuels dépassent largement les capacités de régénération de la planète.
La finitude ne concerne pas uniquement nos ressources naturelles ; elle s’étend également aux ressources financières. Cette finitude économique souligne que même les outils financiers, bien qu’ils semblent être des leviers puissants et infinis, présentent des limites qu’il est urgent de reconnaître et d’intégrer.
En matière de finances, comme pour les ressources naturelles, ignorer la finitude pourrait amener des déséquilibres économiques et financiers majeurs. A défaut, la monnaie pourra devenir une source de méfiance avec le risque d’écroulement qui l’a sous-tend.
Les décideurs politiques, qu’ils soient en Belgique ou ailleurs, doivent prendre conscience de cette finitude pour en faire une pierre angulaire de leurs politiques publiques. En cette période de négociations pour l’accord gouvernemental Arizona, la prise en compte de la finitude des ressources est cruciale. Chaque choix politique doit être envisagé non seulement en fonction des opportunités qu’il crée, mais aussi des limites qu’il impose.
Les dépenses publiques, l’imposition fiscale, les programmes sociaux ou encore les investissements dans les infrastructures ne peuvent s’envisager dans une logique d’infini. Pour soutenir une croissance durable et une gestion responsable, il est essentiel que chaque investissement public soit pesé et priorisé. Les décisions de dépenses et les priorités budgétaires doivent s’accompagner de choix assumés, impliquant nécessairement des renoncements.
La démocratie, et plus particulièrement les élections, devraient être le moment où les citoyens, en votant pour un programme, choisissent également les renoncements et les limites qu’ils sont prêts à accepter. Il est donc de la responsabilité des élus de proposer des politiques transparentes, en cohérence avec les ressources limitées de notre société.
En somme, l’intégration de la finitude dans nos politiques publiques est une question de pragmatisme et de responsabilité envers les générations futures. Refuser de voir les limites, c’est risquer de s’écraser contre elles. Plutôt que de chercher des solutions de facilité qui reposent sur l’illusion d’une abondance sans fin, il est temps de construire des politiques qui tiennent compte de nos ressources réelles et des contraintes qui en découlent. Les défis de demain, qu’ils soient écologiques, économiques ou sociaux, nécessitent des choix clairs, des renoncements et une transparence politique assumée. C’est à ce prix que nous pourrons bâtir un avenir durable, en phase avec les réalités de notre époque.
Cette chronique a également été publiée dans l'Echo en version plus courte.