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Incapacité de travail et burn-out: une progression qui interpelle les employeurs et leurs conseillers

L’étude publiée en juin 2025 par les Mutualités Libres met en lumière une hausse préoccupante des incapacités de travail liées au burn-out. Entre 2018 et 2024, le nombre de nouveaux cas a presque doublé, illustrant l’importance croissante des risques psychosociaux pour les travailleurs et pour l’économie.


1. Une incapacité de travail en forte croissance

En 2024, la Belgique comptait plus de 526.000 personnes en incapacité depuis plus d’un an, soit une augmentation de 72,9 % depuis 2012 .

Parmi les nouveaux dossiers d’incapacité ouverts en 2024, 13 % étaient liés au burn-out, soit 11.131 cas, contre 5.738 en 2018 (+94 %) .

Les troubles psychosociaux au sens large (burn-out, dépression, anxiété, stress, fatigue) représentent désormais trois entrées sur dix en incapacité de longue durée, contre deux sur dix en 2018 .

Profil des personnes concernées

Catégorie

2018

2024

Variation

Femmes parmi les entrées pour burn-out

65 %

65 %

stable

Entrées burn-out < 40 ans

43,8 %

~50 %

+14 %

Indépendants dans les entrées burn-out

7,9 %

11,7 %

+49 %

Les femmes et les moins de 40 ans sont particulièrement exposés. Chez les indépendants, bien que leur part reste inférieure à 12 % des cas, la hausse est forte, en partie parce que la suppression progressive de la carence (2018-2019) a facilité l’accès aux indemnités .


2. Durée et conséquences économiques

Le burn-out entraîne des absences plus longues que la moyenne.

Près de 30 % des personnes touchées restent en incapacité au moins un an, contre 20 % toutes pathologies confondues .

Ce phénomène pèse à la fois sur :

  • les entreprises, en désorganisant la production et en augmentant les coûts indirects (remplacements, retards, surcharge pour l’équipe) ;
  • la sécurité sociale, dont les dépenses d’indemnités d’incapacité de travail ont plus que doublé en dix ans, passant de 5,5 à 12 milliards d’euros.


3. Enjeux pour les employeurs et les conseillers

Pour les employeurs et leurs experts-comptables, cette tendance appelle une vigilance accrue sur :

  • la prévention des risques psychosociaux (analyse des charges, culture de travail, flexibilité) ;
  • le dialogue social et le suivi médical, notamment via le comité de prévention et le médecin du travail ;
  • la gestion des coûts liés à l’absentéisme de longue durée.

La responsabilité de l’employeur est d’autant plus marquée que le Code du bien-être au travail (Livre I, Titre 3 du Code du bien-être, AR du 28 mars 2014) impose une évaluation des risques psychosociaux et des mesures préventives adaptées.



4. Recommandations issues du rapport

Les Mutualités Libres formulent plusieurs pistes à valeur opérationnelle pour les entreprises et leurs conseillers :

Axe d’action

Recommandations principales

Suivi médical

Fixer des repères indicatifs sur la durée des arrêts maladie et prévoir un contact obligatoire avec le médecin du travail dès le 3e mois.

Accompagnement différencié

Renforcer l’accompagnement ciblé des groupes vulnérables (jeunes, femmes, indépendants).

Prévention renforcée

Soutenir les entreprises dans leur politique de bien-être et prévoir davantage de moyens publics.

Responsabilisation

Envisager des incitants de type bonus-malus selon le taux de retour au travail.

Fin de carrière

Développer des aménagements pour les travailleurs plus âgés.

Données sur le burn-out

Améliorer la codification pour disposer de statistiques plus précises.


5. Exemples concrets pour le terrain

Un salon de coiffure ou un cabinet comptable peut, par exemple :

  • instaurer des réunions mensuelles pour identifier les pics de stress ;
  • aménager les horaires en période de forte charge (clôture fiscale, fêtes) ;
  • former les responsables à détecter les signaux précoces de fatigue.

Ces actions, combinées à une politique de bien-être (télétravail partiel, espaces de repos), permettent de réduire les risques d’incapacité prolongée.


Conclusion

L’étude des Mutualités Libres (juin 2025) montre une progression rapide des troubles psychosociaux, en particulier du burn-out, dans les incapacités de travail en Belgique. La profession comptable est doublement concernée :

d’une part, en tant qu’employeur soucieux de la santé de ses équipes ; d’autre part, comme conseiller d’entreprises devant anticiper les impacts financiers, organisationnels et sociaux.


Références légales et doctrinales

  • Code du bien-être au travail, Livre I, Titre 3, AR du 28 mars 2014.
  • Mutualités Libres, Évolution des entrées en incapacité de travail entre 2018 et 2024, juin 2025 .
  • Classification internationale des maladies (CIM-10, code Z73.0 burn-out) .

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