Il manque de licorne Odoo en Belgique : pourquoi?

Des nouvelles d'entreprise frappantes cette semaine.

Un groupe d'investisseurs internationaux de premier plan investit 500 millions d'euros dans le développeur de logiciels wallon Odoo. L'opération évalue l'entreprise à 5 milliards d'euros. De plus, la société gantoise Lighthouse, fournisseur de logiciels de gestion hôtelière, a levé 350 millions d'euros, ce qui porte leur valorisation bien au-dessus de 1 milliard. Deux histoires inspirantes de la scène technologique belge qui apportent un changement bienvenu après toutes les nouvelles d'entreprise sombres des semaines passées. C'est aussi une preuve claire (pour ceux qui en douteraient) que l'entrepreneuriat en Belgique est toujours possible.

Aucune raison d'euphorie

Mais ce n'est certainement pas une raison d'euphorie. En dehors des histoires de succès, l'entrepreneuriat en Belgique reste une histoire difficile. À l'exception de Chypre, nous avons aujourd'hui la plus faible part d'entreprises à croissance rapide (avec une croissance de 10% ou plus) de toute l'Europe. En 2021-2022, 5,8% des entreprises belges (avec au moins 10 employés) appartenaient à cette catégorie. La moyenne européenne est de 9,2%, aux Pays-Bas elle est de 11,1%. Des pays de premier plan comme le Danemark et la Suède atteignent respectivement 13 et 18,8%. Pour les jeunes entreprises (de moins de 5 ans) à croissance rapide, la Belgique est même le pire élève de la classe européenne. La moyenne européenne est trois fois plus élevée, aux Pays-Bas quatre fois plus élevée, en Finlande presque six fois plus élevée.

Malgré des signaux positifs anecdotiques sur le nombre croissant de start-ups (mais toujours parmi les plus bas d'Europe), un nombre croissant d'étudiants-entrepreneurs et des histoires de succès comme Odoo et Lighthouse, la dynamique entrepreneuriale dans notre économie reste insuffisante. Cela pèse sur la croissance de la productivité et donc aussi sur la création totale de richesse. Cet entrepreneuriat relativement limité est lié à une certaine mentalité aversive au risque (où l'éducation joue certainement un rôle), mais surtout au climat entrepreneurial général où des choix politiques passés rendent l'entrepreneuriat dans notre pays plus difficile que nécessaire. Les difficultés à obtenir des permis, une réglementation excessive, des charges administratives considérables, une pression fiscale élevée, des coûts salariaux élevés, des difficultés à trouver du personnel qualifié… sont autant d'obstacles à l'entrepreneuriat que nous nous imposons.

Vers une politique pour plus d'entrepreneuriat

L'entrepreneuriat joue un rôle crucial dans une économie à travers le lancement de nouvelles idées, activités ou produits, de nouveaux processus de production, de nouvelles technologies, de nouvelles façons de collaborer… Les entreprises solides sont le moteur de notre économie et de notre prospérité. En réaction à la fermeture d'Audi Bruxelles, diverses idées ont de nouveau été lancées ces dernières semaines qui rendraient l'entrepreneuriat dans notre pays encore plus difficile (notamment une extension de la loi-Renault), tandis qu'à la table des négociations fédérales, il semble surtout être discuté de nouvelles taxes sur le capital.

Les exemples d'Odoo et de Lighthouse devraient clairement montrer quel potentiel énorme réside dans un plus grand entrepreneuriat. L'accent des négociateurs fédéraux, et du nouveau gouvernement flamand, devrait surtout se concentrer là-dessus : comment pouvons-nous éliminer autant que possible les obstacles à l'entrepreneuriat pour stimuler davantage l'entrepreneuriat dans notre économie. Nous avons surtout besoin de beaucoup plus d'Odoo et de Lighthouse.

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