​Comprendre les États-Unis: trois clés pour dépasser les malentendus européens

Les cercles d’affaires européens peinent à comprendre les actions de Donald Trump. Pourtant, leur incompréhension dépasse ce seul personnage et repose sur trois aspects fondamentaux des États-Unis, souvent méconnus de ceux qui n’y ont pas vécu ou étudié le pays en profondeur.

Une pensée inductive, contre notre approche déductive

Les Européens raisonnent de manière déductive, cherchant à appliquer des principes généraux ou des formules préétablies pour résoudre les problèmes. Les Américains, eux, adoptent une approche inductive, partant des faits pour construire des solutions. Cette différence, ancrée notamment dans une culture protestante valorisant l’expérimentation, se manifeste dans tous les domaines de la vie américaine : juridique, commercial, politique, etc. Aux États-Unis, on progresse par essais et erreurs, et une fois un niveau de solution atteint, l’amélioration continue reste la norme, sans répit. Par exemple, les litiges se règlent souvent par arbitrage ou négociation, de manière pragmatique, plutôt que par l’application stricte d’un code juridique, comme le code civil, inexistant outre-Atlantique. Cette mentalité inductive peut sembler chaotique aux esprits déductifs européens, qui s’accommodent mal de l’incertitude et du désordre apparent.

La stratégie d’essais et erreurs de Trump

Dans ce cadre, Trump et ses équipes adoptent une stratégie de rupture et de fragmentation, secouant les structures établies pour identifier des solutions optimales, même temporaires. Ce qui nous apparaît comme erratique ou « fou » s’inscrit dans cette logique inductive. Une phrase attribuée, peut-être à tort, à Sophocle (en image), résonne ici : « Jupiter rend fous ceux qu’il veut détruire » (« Quos Jupiter vult perdere, dementat prius »). Ce que nous jugeons irrationnel peut, dans cette perspective, refléter une méthode délibérée, bien que déstabilisante pour nos cadres de pensée.

Une nation jeune, marquée par sa rupture fondatrice

Enfin, les États-Unis sont une nation jeune, née d’une dissidence contre les ordres monarchiques et impériaux européens. Leur Déclaration d’indépendance, antérieure à la Révolution française, incarne cette rupture. Marqués par une guerre civile, les Américains redoutent tout nouveau conflit interne. Dans ce contexte, l’autorité du président, même symbolique, transcende les clivages politiques et sociaux, jouant un rôle unificateur que les Européens peinent parfois à saisir.

Ces trois éléments, parmi d’autres, expliquent pourquoi notre grille de lecture européenne est souvent inadaptée pour comprendre les États-Unis. Ils invitent à une réflexion plus nuancée sur ce pays et ses dynamiques.​