Cincinnatus, un homme qui vécut pour l’etat et non de l’etat …

Depuis mes humanités (cela date un peu…), j’ai toujours été fasciné par un personnage hors norme, un personnage qui se sacrifia pour la Nation sans rechercher ni les ors ni le pouvoir. Un cas unique dans l’histoire : Lucius Quinctius CINCINNATUS (519-430 av. J.-C).

Quel est l’exploit de cet homme que les sénateurs sont allés chercher dans sa petite ferme et qui sauva la République de Rome ? Imaginez la scène : labourant ses terres , ce paysan voit arriver vers lui les sommités d’une République romaine , pourtant à l’agonie. En ces temps-là , Rome était en grand danger : deux peuplades voisines, les Sabins et les Eques, se sont rapprochées de la ville et menacent de l’envahir. Rome souffre aussi de famine.

Et ce laboureur devient l’homme providentiel. Pourquoi lui ? Les sénateurs se souviennent de cet homme doté d’une force morale et de courage. Ruiné, cet ancien consul vivait désormais dans un modeste domaine pour cultiver ses quelques lopins de terre et nourrir sa famille. Face à l’urgence de la situation, Cincinnatus se décide rapidement : il abandonne sa charrue pour tenter de sauver la République.

Dès le début de son mandat , il prend des décisions phares : il mobilise tous les hommes en âge de combattre. Et vêtu de sa toge blanche, il devient chef de guerre et dirige l’infanterie. Une rapide analyse de la situation géographique ( le Mont Algide) lui permet de comprendre le lieu exact où il faut prendre l’assaut et il l’emporte sur les armées des Ecques qui s’avouent vaincues. Cincinnatus désarme les vaincus mais leur accorde la clémence et s’il s’empare du butin , c’est pour l’offrir à son armée. Il sauva d’ailleurs Rome une deuxième fois quelques années plus tard.

Le véritable exploit n’est toutefois pas là : alors que le Sénart lui propose les pleins pouvoirs et une rente très confortable, cet homme refuse et retourne « à ses charrues », considérant sa mission accomplie. Véritable le coup de théâtre, le héros rend leur liberté à ses soldats , abdique et retourne à sa ferme !

Ce modèle de vertu nous appelle encore aujourd’hui à cette réflexion. Aujourd’hui nos élus politiques de tous bords (dont certains cherchent même à s’enrichir illégalement) seraient incapables de suivre cet exemple.

Ils ne vivent pas pour l’Etat mais de l’Etat, à quelques très rares exceptions près. On trouve même des générations successives d’hommes et de femmes politiques.

Sans entrer dans la critique trop facile du monde politique, ne peut-on méditer sur ce parcours unique d’un homme qui eut le courage de se sacrifier pour son peuple et qui, sans bruit et avec la plus extrême modestie, retourna à la vie civile .

Il ne chercha pas le pouvoir et encore moins les avantages financiers qui aujourd’hui sont le moteur de biens des élus, mais eut cet immense courage de passer du glaive à la charrue.

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