​Entrer en résistance. Contre nous-mêmes.

En 1932, un an avant l’accession d’Hitler au pouvoir, « Voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline, écrivain de génie et parfait et médiocre salaud, commence par : « Ça a débuté comme ça ».

La question qui se pose est de savoir comment tout cela va se terminer, tant les ruptures auxquelles nous faisons face sont nombreuses. I

Il y a, d’abord et toujours, et même si cette réalité ne nous impacte pas immédiatement, les changements climatiques qui vont entraîner, lorsque leurs paroxysmes se conjugueront, de profondes ruptures, existentielles pour de nombreux humains. Malheureusement, encerclés par la lâcheté politique, assourdis par quelques académiques médiocres en quête de médiatisation et distraits par quelques vieillards enrichis qui sèment le doute, nos actions militantes s’étouffent. Et pourtant…

Et puis, il y a la reconfiguration politique et militaire du monde qui conduit à des conflits épouvantables, comme si la mémoire du XXe siècle s’était dissipée, et à l’érection de pouvoirs autocratiques qui penchent vers la droite, et même son extrême, dans l’espoir naïf que la dictature sera l’eau lustrale qui lavera les souillures de l’humanité.

Et puis, il y a d’autres questionnements, qui touchent plus directement l’Europe et son modèle social, alors que d’autres ne voient la prospérité que sous l’œil bienveillant et dominant de Wall Street. Et cette anesthésie financière met en exergue une nouvelle révolution industrielle, celle de l’intelligence artificielle, qui n’en est qu’à ses balbutiements, alors qu’elle entraînera une dislocation des rapports sociaux et qu’elle représente peut-être une rupture civilisationnelle.

Alors, comment cela va-t-il se terminer ?

Je crois que l’homme est trop humain pour éviter des chocs d’amplitude. Ce qui se passe en Ukraine et à Gaza en est la parfaite illustration. L’idée des trachées de Verdun avait créé une fraternité. Celle des guerres de positions d’Ukraine amplifiera des haines. Et que penser de la sinistre comptabilité des morts et des horreurs, où celle d’Israël a dépassé celle du Hamas ?

Et Louis-Ferdinand Céline écrivait que c’est par les odeurs que finissent les êtres, les pays et les choses.

Il avait raison : l’odeur du monde a changé.

Je crois qu’il faut entrer en résistance contre nous-mêmes. Chacun d’entre nous doit se dépouiller de son ego et être un facteur d’empathie et de bienveillance.

Ce que Louis-Ferdinand Céline n’avait pas écrit.

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