
Le verdissement fiscal des voitures de société entre dans une phase décisive au 1er janvier 2026. À mesure que les règles évoluent, la lecture du régime applicable devient plus complexe : tout dépend désormais de la date d’acquisition du véhicule, de son type de motorisation et du statut fiscal du bénéficiaire (société, indépendant, ASBL, IPM).
Pour les experts-comptables, l’enjeu n’est plus seulement de connaître les principes généraux, mais de maîtriser les différents régimes transitoires, en particulier pour les véhicules acquis avant le 1er juillet 2023, qui restent soumis à des règles sensiblement différentes.
Cet article propose une lecture structurée et chronologique du cadre applicable, afin de sécuriser les conseils donnés aux employeurs, indépendants et dirigeants.
Avant toute analyse fiscale ou sociale, une question doit être posée : quand le véhicule a-t-il été acquis ?
Au sens fiscal et social, la date d’acquisition correspond :
et non à la date de livraison ou d’immatriculation.
Cette date détermine l’appartenance du véhicule à l’un des trois grands régimes suivants :
Les véhicules de société (thermiques, hybrides ou électriques) acquis avant le 1er juillet 2023 bénéficient d’un régime fiscal et social largement préservé, malgré les réformes successives.
Concrètement, ces véhicules ne sont pas soumis au scénario d’extinction progressive de la déductibilité introduit par la réforme du verdissement.
Pour ces véhicules, la déductibilité reste calculée selon la formule classique basée sur les émissions de CO₂, avec :
Autrement dit, la suppression totale de la déductibilité ne s’applique pas à ces véhicules, même après 2026.
Ces véhicules restent soumis à la cotisation CO₂ selon les règles antérieures, sans application des facteurs multiplicateurs renforcés introduits à partir du 1er juillet 2023.
En pratique : pour les entreprises disposant d’un parc plus ancien, ces véhicules conservent un intérêt économique relatif jusqu’à leur remplacement naturel.
Les véhicules acquis durant cette période entrent dans un régime transitoire clairement balisé, avec une réduction progressive de la déductibilité, jusqu’à disparition complète.
Année | Déductibilité maximale |
2025 | 75 % |
2026 | 50 % |
2027 | 25 % |
À partir de 2028 | 0 % |
La déduction minimale de 50 % a été supprimée dès 2025.
Les véhicules hybrides acquis dans cette période suivent le même calendrier d’extinction :
Ces véhicules sont également soumis à une augmentation progressive de la cotisation de solidarité, via des facteurs multiplicateurs :
Date d’acquisition | Facteur |
≥ 01/07/2023 | × 2,25 |
≥ 01/01/2025 | × 2,75 |
≥ 01/01/2026 | × 4 |
≥ 01/01/2027 | × 5,5 |
Même les véhicules électriques sont concernés par la hausse du minimum de cotisation.
Pour les sociétés :
Les véhicules zéro émission conservent :
Une distinction importante subsiste pour les indépendants personnes physiques.
Afin de respecter le Plan de relance et de résilience (RRF) validé par l’Union européenne, la Belgique a introduit un nouveau calendrier spécifique pour les hybrides acquis par des indépendants à partir de 2026.
Ce régime, plus souple que celui applicable aux sociétés, vise à accompagner la transition vers l’électrique, tout en restant compatible avec les engagements européens.
Date d’acquisition | Type de véhicule | Régime après 2026 |
Avant 01/07/2023 | Tous | Régime ancien maintenu (déductibilité CO₂ classique) |
01/07/2023 – 31/12/2025 | Thermique / hybride | Déductibilité réduite puis nulle |
À partir de 01/01/2026 | Thermique / hybride | Aucune déductibilité |
Tous régimes | 100 % électrique | Déductibilité maintenue, mais en diminution après 2027 |
Face à la complexité croissante du cadre, plusieurs réflexes professionnels s’imposent :
Le verdissement des voitures de société ne repose pas sur une règle unique, mais sur une superposition de régimes transitoires. Les véhicules acquis avant le 1er juillet 2023 constituent désormais une catégorie à part, bénéficiant d’une stabilité relative dans un environnement fiscal de plus en plus contraignant.
Pour les experts-comptables, la valeur ajoutée réside précisément dans cette capacité à lire la chronologie, sécuriser les choix et traduire la complexité réglementaire en décisions économiques rationnelles pour leurs clients.