
Ce qui va changer dès 2026 pour les consommateurs, les entreprises et les autorités belges
L’explosion du commerce électronique transfrontalier, portée notamment par les plateformes asiatiques à bas coûts, a mis en tension les systèmes douaniers européens. Face à l’afflux massif de petits colis d’une valeur inférieure à 150 euros — aujourd’hui largement exonérés de droits de douane — l’Union européenne et plusieurs États membres, dont la Belgique, ont décidé d’agir.
Une nouvelle architecture de taxation est en train de se mettre en place, combinant mesures européennes harmonisées et initiatives nationales anticipées. Pour les experts-comptables, cette évolution soulève des enjeux concrets en matière de fiscalité indirecte, de conformité douanière et de conseil aux entreprises actives dans l’e-commerce ou la logistique.
Les chiffres publiés par la Commission européenne sont éloquents : 4,6 milliards de petits colis (moins de 150 euros) sont entrés sur le territoire de l’Union en 2024, dont plus de 90 % en provenance de Chine. Ces envois bénéficient encore, pour l’essentiel, d’une exonération de droits de douane, un régime conçu à une époque où les volumes étaient sans commune mesure avec ceux observés aujourd’hui.
Dans la pratique, ce système pose trois difficultés majeures :
C’est dans ce contexte que s’inscrit la réforme en cours.
Après plusieurs mois de discussions, les ministres des Finances de l’UE ont validé l’introduction d’un droit de douane forfaitaire européen de 3 euros par colis, applicable aux envois d’une valeur inférieure à 150 euros en provenance de pays tiers.
Pour clarifier les contours de la mesure, plusieurs éléments doivent être soulignés :
Cette taxe vise avant tout à rétablir un minimum de contribution fiscale sur des flux aujourd’hui quasi exonérés.
Parallèlement à la taxe européenne, plusieurs États membres ont décidé de ne pas attendre 2026 pour agir. La Belgique, la France, les Pays-Bas et l’Italie ont annoncé ou préparé l’introduction de frais de traitement nationaux, juridiquement distincts des droits de douane européens.
Dans le cadre de l’accord budgétaire de novembre, la Belgique prévoit :
Les Pays-Bas illustrent bien l’impact potentiel de ce type de mesure :
Ces taxes nationales seront, dans les faits, supportées par les consommateurs, les transporteurs (PostNL, Bpost, DHL, FedEx…) les répercutant quasi systématiquement dans leurs tarifs.
Pour les praticiens, la lisibilité du dispositif est essentielle. Le tableau ci-dessous synthétise les différentes couches de taxation.
Niveau | Type de taxe | Montant | Qui perçoit ? | Qui supporte ? | Entrée en vigueur |
Union européenne | Droit de douane forfaitaire | 3 € par colis | Douanes nationales (pour l’UE) | Consommateur final | 1er juillet 2026 |
Belgique (national) | Frais de traitement | ± 2 € par colis / ligne | État belge | Consommateur final | 2026 (date précise à confirmer) |
Autres États (ex. NL) | Frais de traitement | 2 € par ligne de produit | État national | Consommateur final | Dès 2026 (parfois plus tôt) |
Cette réforme ne se limite pas à une hausse de quelques euros par commande. Elle appelle une lecture plus large, notamment pour les professionnels du chiffre.
Du point de vue du conseil aux entreprises, plusieurs impacts doivent être anticipés :
Sur le plan fiscal et douanier, l’attention devra porter sur :
Dans ce contexte mouvant, quelques lignes directrices peuvent être dégagées pour la profession :
La taxation des petits colis marque un tournant dans la fiscalité du commerce électronique international. Derrière une mesure apparemment modeste — quelques euros par envoi — se dessine une réorganisation profonde du cadre douanier européen, appelée à s’intensifier avec la suppression future du seuil de 150 euros.
Pour les experts-comptables, cette réforme est à la fois un enjeu de conformité et une opportunité de conseil, au croisement de la fiscalité indirecte, de la logistique et de la stratégie commerciale. Anticiper ces changements dès aujourd’hui permettra d’en limiter les effets négatifs et d’accompagner utilement les entreprises concernées.
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