Le dollar en otage : comment le monde entier finance l'Amérique

Si Donald Trump impose des droits de douane sur les importations américaines au motif que ces dernières concurrencent leur marché intérieur, c’est évidemment faux. Les États-Unis ont délocalisé leurs capacités de production et, surtout, importent trop par rapport à la richesse qu’ils créent. Ils vivent donc à crédit du reste du monde avec une balance commerciale déficitaire, ce qui signifie que les autres pays doivent leur faire crédit… en dollars. Et lorsque quelqu’un demande à voir ces dollars remboursés, il reçoit… des dollars. C’est le privilège monétaire ultime des Américains : imposer leur devise comme monnaie de réserve, à tel point qu’elle est devenue consubstantielle au système financier. Charles de Gaulle l’avait dénoncé en 1965. 60 ans plus tard, rien n’a changé.

Si les États-Unis disposaient d’une monnaie anodine, celle-ci se serait dépréciée dans un système de cours flottants, tel que celui dans lequel nous évoluons. Les importations américaines seraient devenues plus onéreuses, et donc auraient diminué, tandis que les exportations auraient été facilitées. Oui, mais voilà : comme on parle du dollar et du dynamisme américain, combiné à du protectionnisme, le dollar se renforce (au contraire d’une devise anodine), et cela aggrave les déséquilibres.

C’est pour cela qu’au lieu d’imposer des droits d’importation, les États-Unis devraient laisser libre cours au commerce multilatéral. Car ces droits vont pénaliser les exportations d’autres pays qui en ont besoin. Voilà la double peine : nous sommes prisonniers de la monnaie ET de la consommation américaine. Les États-Unis disposent donc de multiples privilèges, dont ils extraient un grand profit.

Mais parfois, le système déraille, et les États-Unis étouffent sous leur propre mécanisme. Ils décident alors de déprécier violement leur devise. Ils l’ont fait en 1934 et en 1971, car à l’époque, le dollar était garanti par de l’or que les États-Unis auraient dû rendre au reste du monde. Parfois, ils le font de manière plus civilisée, comme lors des accords du Plaza, en 1985.

Donc, à un moment, il faut remettre les parités de change d’aplomb, au profit des États-Unis, par une brutale dépréciation du dollar, et c’est ce que Donald Trump fera.

Immanquablement. Impérativement. C’est le plus grand risque du système financier mondial.

Il est devant nous. Devant nous.

Mots clés

Articles recommandés

Estimation provisoire de la situation budgétaire du pays pour l’année budgétaire 2024

En quelques coups, les Etats-Unis nous mettront échec et mat!