Ce qu’il faut retenir pour les experts-comptables et conseillers fiscaux
Le Parlement européen a approuvé, le 3 avril 2025, une proposition de directive européenne visant à reporter l’entrée en vigueur de certaines dispositions des textes relatifs à la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD) et à la vigilance raisonnable (CS3D, également appelée CSDDD). Bien que l’adoption formelle par le Conseil et la publication au Journal Officiel de l’Union européenne ne soient pas encore finalisées, cette avancée législative aura des répercussions sur de nombreuses entreprises européennes, dont les sociétés belges.
La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose, de manière progressive, à un nombre croissant d’entreprises de rédiger et de publier un rapport de durabilité conforme aux normes européennes (ESRS). L’objectif est de renforcer la transparence sur les performances environnementales, sociales et de gouvernance des entreprises (ESG).
La Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CS3D ou CSDDD) vise à obliger les entreprises relevant de son champ d’application à identifier, prévenir, mettre fin ou atténuer les impacts négatifs de leurs activités sur les droits humains et l’environnement. Elle touche à la chaîne de valeur et aux relations d’affaires, imposant un devoir de vigilance accru.
Le texte nouvellement approuvé par le Parlement européen le 3 avril 2025 propose de reporter les dates d’application de certaines obligations issues de la CSRD et de la CS3D. L’objectif affiché est de réduire la charge administrative et de donner davantage de temps aux entreprises pour se préparer.
Deuxième vague : Les entreprises normalement visées dès l’exercice comptable 2025 (avec obligation de publier un rapport de durabilité en 2026) ne seront finalement concernées qu’à partir de l’exercice 2027, avec publication du rapport de durabilité en 2028.
Il s’agit notamment des grandes entreprises dépassant au moins deux des trois critères suivants :
Troisième vague : Les entreprises normalement soumises au reporting à partir de l’exercice 2026 (publication en 2027) bénéficient d’un report à l’exercice 2028 (publication en 2029).
Sont notamment concernées :
Transposition nationale : Les États membres auront jusqu’au 26 juillet 2027 pour transposer la CS3D dans leur droit interne, soit un an de plus que l’échéance initiale (26 juillet 2026).
Suppression de la première étape d’application : La phase qui ciblait les grandes entreprises de l’UE (plus de 5 000 salariés et un CA mondial de plus de 1,5 milliard €) est supprimée. Les étapes ultérieures d’application de la directive resteront toutefois à confirmer lors de l’adoption définitive du texte.
Tant que la directive « suspensive » ne sera pas transposée en droit belge, les exigences nationales existantes en matière de reporting extra-financier et, le cas échéant, de vigilance raisonnable continuent de s’appliquer. Les entreprises doivent donc poursuivre leurs efforts de conformité selon le calendrier belge actuel.
Si les reports sont confirmés, les entreprises concernées disposeront d’un délai supplémentaire pour se préparer. Cela implique :
L’approbation par le Parlement européen de la directive « suspensive » concernant la CSRD et la CS3D marque un tournant dans le calendrier imposé aux entreprises pour le reporting de durabilité et la due diligence. Cependant, tant que la mesure n’est pas définitivement adoptée et transposée en droit belge, les entreprises doivent continuer à respecter les obligations nationales existantes.
En tant qu’expert-comptable ou conseiller fiscal, il vous revient de tenir vos clients informés de ces évolutions, de les aider à cartographier leurs obligations et de veiller à ce qu’ils préparent au mieux l’intégration des futures exigences extra-financières et de vigilance raisonnable. La prudence reste de mise, car si les reports octroient un certain répit, il n’en demeure pas moins stratégique de poursuivre les efforts de mise en conformité et d’anticipation.