Il y a des solutions à la pénurie sur le marché du travail

La future politique d’immigration devrait se concentrer sur des gens capables de pourvoir aux métiers en pénurie. Et il y en a de plus en plus.


La pénurie de main-d’œuvre est le principal obstacle à la croissance en Belgique. Les PME se plaignent de plus en plus ouvertement de leurs difficultés à trouver des employés qualifiés. Des restaurants ferment le week-end par manque de personnel. Mais ces problèmes sont-ils vraiment si graves? Et sont-ils insolubles?

Pour 87% de PME belges, le principal obstacle à la croissance est la difficulté de trouver du personnel (en passant: le deuxième obstacle par ordre d’importance est l’incertitude concernant l’avenir). Or, malgré cette pénurie, le taux de participation reste en deçà de l’objectif de 80%. Selon le gouvernement, ce taux de participation – à savoir le nombre de personnes âgées de 18 à 55 ans qui participent au marché du travail – doit atteindre 80%.

Pour y parvenir, il faut que 550.000 inactifs participent au marché du travail. Le vivier est constitué de 300.000 chômeurs et de 500.000 malades de longue durée. Si nous pouvions le mobiliser aux deux tiers, nous atteindrions notre objectif.

Plusieurs mesures sont nécessaires pour pousser ces gens vers le marché du travail. D’abord, baisser les impôts sur les salaires, et surtout sur les plus bas salaires. A titre d’inspiration pour la réforme fiscale: en Belgique, le taux d’imposition marginal s’élève à 40% jusqu’à 26.000 euros de revenus par an ; en France, c’est 11%. Deuxièmement, davantage de formations professionnelles, d’accompagnement et de contrôle. Troisièmement, favoriser la mobilité régionale et interrégionale par une collaboration entre les offices de l’emploi.

Mais même si l’on trouve du courage politique pour ces trois mesures, elles ne suffiront pas. Regardons à nouveau ce qui se passe en France. Malgré une fiscalité beaucoup plus favorable sur les bas salaires, les PME françaises sont elles aussi confrontées (bien que dans une moindre mesure) à un manque de personnel. Selon une récente enquête de BPIFrance (plus ou moins le pendant de PMV Vlaanderen et de Wallonie Entreprendre), 70% des PME françaises éprouvent des difficultés à trouver du personnel qualifié en suffisance.

Le plus intéressant: la moitié des PME françaises disent attirer activement des migrants pour pourvoir à leurs besoins. Leur intégration pose certes un triple défi (langue, intégration territoriale et intégration à la culture de l’entreprise), affirment-elles, mais elles estiment qu’elle se déroule sans problème notable.

La Belgique est le pays où le taux d’inactivité parmi les migrants hors UE est le plus élevé d’Europe: 44%. En Wallonie, il atteint même 55%, contre 40% en Flandre et 43% à Bruxelles. Si nous avions le même taux de participation en Belgique qu’au Portugal ou en Espagne, par exemple, 25% des migrants hors UE qui n’y sont pas aujourd’hui seraient au travail, soit 70.000 migrants hors UE de plus.

La future politique d’immigration devrait se concentrer sur des gens capables de pourvoir aux métiers en pénurie – et il y en a de plus en plus. Une telle Blue Card Policy a déjà porté ses fruits dans des pays comme le Canada, Dubaï ou les Etats-Unis.

Au lieu de succomber au fatalisme face à la pénurie de main-d’œuvre, je propose donc une approche holistique fondée sur une baisse draconienne des charges sur le travail, en particulier les plus bas salaires, la mobilité interrégionale, la formation, la motivation, le contrôle et une Blue Card Policy. Car n’oublions pas: si nous ne faisons rien, cette pénurie de main-d’œuvre va perdurer pendant des dizaines d’années.

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