​Des jours sombres pour les droits des femmes

Je crois que l'information est crédible : dans les États ayant interdit l'avortement suite à la décision de la Cour Suprême des États-Unis de revenir sur sa décision historique de Roe vs. Wade, environ 65 000 grossesses consécutives à un viol ont dû être menées à terme aux États-Unis.

L’arrêt Roe vs. Wade a opposé une mère célibataire texane de 21 ans, Norma McCorvey, enceinte pour la troisième fois et souhaitant avorter, pratique alors interdite, à l’Etat du Texas. Utilisant le pseudonyme de Jane Roe, son recours la confronta à Henry Wade, procureur de Dallas. Jane Roe obtint gain de cause auprès de la Cour Suprême en 1973, qui conclut que « le droit au respect de la vie privée, inscrit dans le 14e amendement de la Constitution, est suffisamment vaste pour englober la décision d’une femme de mettre fin ou non à sa grossesse ». C'est cet arrêt qui fut annulé en juin 2022. Norma McCorvey s'est éteinte en 2017.

Depuis cette décision de 2022 de la Cour Suprême, 14 États ont interdit l'avortement sur leur territoire. Ce sont, évidemment, des États traditionnellement et majoritairement républicains. Certains ont réduit le nombre de semaines pendant lesquelles un avortement peut être pratiqué, d'autres ont interdit l'utilisation de la pilule du lendemain, et je ne serais pas étonné que, sous l'influence des courants évangéliques américains et de la droite la plus dure, l'accès aux moyens contraceptifs traditionnels soit également restreint.

Je l'écris souvent : l'Amérique, ce n'est pas Joe Dassin, Starsky et Hutch ou Top Gun. C'est un pays aux côtés moraux et sociaux très sombres que l'industrie cinématographique embellit à coups de soft power.

65 000 grossesses poursuivies à cause d'un viol, cela représente, à l'échelle de la Belgique, environ 2000 grossesses. Et ce chiffre n'inclut évidemment pas les grossesses qui ont dû être menées à terme dans d'autres circonstances, hors cas de viols.

Comment ne pas s'insurger contre ces réalités, et s'inquiéter de la coercition des droits des femmes pour des raisons idéologiques, religieuses ou politiques ? Il suffit de penser aux flagellations en Iran, aux voiles en Afghanistan, aux pratiques d'excision, ou plus près de nous, aux féminicides et aux droits bafoués des femmes dans les foyers et les entreprises. L'emprise exercée par un minable chef de bureau ne vaut pas mieux.

La liste des pays où les droits des femmes sont restreints est longue : Arabie Saoudite, Somalie, Soudan où les mutilations génitales féminines sont encore répandues, Inde, Pakistan, pays d'Afrique subsaharienne...

Mais, en Europe aussi, des pays comme la Pologne ou Malte rendent l’avortement très compliqué. Les Polonaises qui n'ont pas les moyens financiers d'aller en République tchèque ou aux Pays-Bas sont condamnées à mener à terme leurs grossesses.

Se battre pour le droit des femmes et des minorités est le premier devoir moral.

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