Consommation énergétique des ménages : tendances 2004-2022

Dans la foulée de la récente note de l'IDD « Le pouvoir d'achat énergétique : évolutions 1990-2023 », cette note complémentaire exploite les données les plus récentes disponibles pour analyser les tendances en matière de consommation énergétique des ménages.

La consommation énergétique (énergie finale) des ménages belges a considérablement baissé en 2022 ; voici le détail :

NB : ktep = milliers de tonnes équivalent pétrole



On est tenté a priori d'expliquer cette baisse – moins 15% ce n'est pas rien – par l'augmentation des prix des énergies en 2022 (+74% en moyenne par rapport à 2021) ; les choses sont bien sûr plus complexes.

Voici quelques éléments d'analyse

  • l'évolution de la consommation énergétique des ménages est bien sûr corrélée aux fluctuations des températures moyennes d'une année à l'autre ; or, le nombre de degrés-jours (indicateur retenu pour mesurer l'impact des températures sur la consommation) a baissé de 14% entre 2021 et 2022 ;

  • il semble qu'il y a un impact, modéré, mais significatif, de la crise Covid sur les consommations énergétiques en 2020 et 2021 : il est normal que les consommations énergétiques des ménages augmentent quand on reste plus chez soi ; cette crise était pour l'essentiel terminée en 2022 (hormis le maintien d'une partie du travail à domicile) ;

  • la consommation d'électricité est tendanciellement stable depuis 2014 aux environs de 1.600 ktep/an ; au vu de l'augmentation moyenne des prix de l'électricité entre 2021 et 2022 (+46%), on peut donc penser que la consommation d’électricité est relativement inélastique au prix ;

  • d'une manière générale des essais pour tester un indicateur de prix comme variable explicative ne donnent rien de très significatif sur la période 2004-2021 ;

  • enfin, les fluctuations de la consommation de mazout de chauffage sont loin de suivre celles du gaz naturel, contrairement à ce à quoi on s'attendrait puisque ce sont deux énergies de chauffage (pour l'essentiel) ; l'explication principale : la consommation de mazout est basée sur les statistiques des ventes ; or il peut y avoir ce qu'on appelle un "effet de cuve" (la consommation de produits pétroliers réelle peut être plus ou moins corrélée à celle des achats en fonction de la hauteur du stockage : on peut consommer plus que ce qu'on achète si on démarre l'année avec une cuve bien remplie et inversement).

L'un dans l'autre, on peut donc penser que la baisse "toutes autres choses égales par ailleurs" de 2022 est significativement inférieure à la baisse apparente, malgré l'importante augmentation des prix ; on peut donc, a minima, s'interroger sur la durabilité des "efforts" – certes moindres qu'on ne le pense mais quand même réels – consentis par les ménages en 2022 dans un contexte où les prix resteraient à leur niveau actuel.


Oui, globalement les tendances de consommation de moyen terme sont à la baisse, mais le rythme est insuffisant au vu des objectifs climatiques. En effet, comme le montre le graphique suivant, si on prolonge les tendances passées, la consommation d'énergies fossiles des ménages serait encore en 2050 de 2.300 ktep, soit pas loin de la moitié de la consommation présente. Mais rien n'exclut non plus que la prise de conscience de 2022 pourrait avoir des impacts durablement significatifs... RV l'hiver prochain.

Plus dans la note jointe ci-dessous


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