Pouvoir d’achat, ce que change concrètement l’Arizona pour chaque citoyen, étudiants, salariés, indépendants, dirigeants, investisseurs et pensionnés…Décodage et synthèse!

Un accord de gouvernement qui vous impacte : vraiment?

Étudiants, salariés, indépendants, dirigeants, investisseurs, pensionnés… Personne n’échappe aux réformes proposées par le gouvernement fédéral Arizona, dont le but affiché est de « booster » le pouvoir d’achat et d’inciter à (re)travailler davantage. En tant que fiscaliste, je vous propose un tour d’horizon pédagogique, en soulignant à la fois les mesures positives et les points de vigilance. Cette liste n'est pas exhaustive. Plus d'information dans la note originale.

Politique et économieF.F.F.Découvrez l'accord de gouvernement De Wever Ier 2025-2029: 208 pages d'évolution (dernière version)


Le gouvernement Arizona annonce un vaste chantier : réforme fiscale (hausse de la quotité exemptée d’impôt, nouvelle taxation des plus-values, suppression de certaines déductions), refonte du marché du travail (extension du travail de nuit et dominical, limitation des allocations de chômage à deux ans, droit à la démission), réajustement des pensions (bonus-malus, suppression de la pension de ménage, alignement du calcul pour les fonctionnaires) et encouragement de la mobilité durable (TVA plus faible sur les pompes à chaleur, fin des avantages pour les chaudières fossiles, etc.).

Ces changements affectent chacun différemment. Pour clarifier l’impact, j’ai choisi de décrypter, profil par profil, ce qui change concrètement, les avantages potentiels et les inconvénients à anticiper. Enfin, j’ai pointé pour chaque catégorie une mesure « coup de projecteur ».


1. Les mesures qui concernent tout le monde

Ce qui change

1. Hausse de la quotité exemptée d’impôts

  • La première tranche de revenus exonérés d’impôts, établie à 10.910 € pour 2025 (déclaration 2026), est appelée à grimper davantage.
  • Objectif : rendre le travail plus rémunérateur et soulager l’impôt sur la partie « de base » du revenu de chaque contribuable.

2. Diminution de la cotisation spéciale de Sécurité sociale (CSSS)

  • La CSSS, qui touchait les revenus à partir d’un certain plafond, est encore réduite, notamment pour les plus bas salaires, dans la continuité des baisses amorcées en 2022.
  • Incidence : un gain net d’environ 100 € par an (voire un peu plus selon le revenu).

3. Suppression ou réduction de déductions fiscales

  • Dons : la déduction passe de 45 % à 30 %.
  • Fin de certaines déductions « mineures » (investissements dans fonds de développement, assurance protection juridique, frais d’adoption, etc.).
  • Le quotient conjugal est réduit de moitié pour les non-retraités d’ici 2029, et la déduction pour pensions alimentaires chute de 80 % à 50 %.

4. Réforme du marché du travail

  • Travail de nuit à partir de minuit (et plus 20 h).
  • Réintroduction de la période d’essai : un préavis d’une semaine pendant les 6 premiers mois.
  • Droit à la démission (6 mois de chômage une fois dans la carrière).
  • Flexi-jobs étendus (jusqu’à 18.000 €/an, 21 €/heure maximum).

5. Budget mobilité et taxation énergétique

  • Extension du « budget mobilité pour tous » (voiture, covoiturage, leasing social, etc.).
  • TVA à 6 % pendant cinq ans pour les pompes à chaleur, mais montée à 21 % pour les chaudières fossiles en rénovation (logements de plus de 10 ans).
  • Portabilité des numéros de compte bancaire à l’étude.

La mesure « coup de projecteur »

  • Chèques-repas portés jusqu’à 12 € (au lieu de 8) : un avantage direct, visible chaque mois, même si, dans le même temps, d’autres chèques (éco-chèques, chèques culture) disparaissent progressivement.

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : L’ensemble de ces mesures tente de stimuler le travail (quitte à sacrifier quelques exonérations) en augmentant un peu le salaire net.
  • Point négatif : La suppression de nombreuses déductions risque de pénaliser ceux qui comptaient sur ces avantages fiscaux (dons, assurance protection juridique, etc.). La flexibilité accrue peut peser sur la vie privée.


2. Étudiant

Ce qui change

1. Âge d’accès au travail étudiant abaissé à 15 ans

  • Auparavant, on pouvait déjà travailler à 15 ans dans des conditions très spécifiques. Désormais, cette limite devient la nouvelle norme (certains types d’enseignement restent à vérifier).
  • Objectif : faciliter l’entrée progressive des jeunes sur le marché de l’emploi.

2. Quota horaire augmenté à 650 heures par an

  • La limite temporaire (600 heures) devient plus permanente et monte à 650.
  • Conséquence : plus d’opportunités de se constituer un petit pécule durant l’année.

3. Stage d’attente pour allocations d’insertion

  • Réduit à 156 jours (contre 310 autrefois) pour toucher une allocation, mais cette allocation n’est plus possible au-delà d’un an.
  • But : inciter les jeunes à trouver rapidement un emploi stable.

4. Limite fiscale pour rester à charge des parents

  • Relevée à 12.000 € nets/an, ce qui double le plafond précédent (6.000 €).
  • Les étudiants peuvent ainsi travailler plus sans faire perdre les avantages (allocations familiales, bourse) à leurs parents.

La mesure « coup de projecteur »

  • 650 heures de travail étudiant autorisées : c’est un sérieux coup de pouce financier pour les étudiants qui souhaitent cumuler plus d’heures (et donc plus de revenus).

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : Les jeunes gagnent en autonomie financière, sans faire perdre automatiquement les droits des parents.
  • Point négatif : La limitation stricte des allocations d’insertion (un an maximum) peut être dure pour ceux qui peinent à trouver un premier emploi en période économique difficile.


3. Salarié

Ce qui change

1. Augmentation du salaire net

  • Via la hausse de la quotité exemptée d’impôt, la diminution (modérée) de la CSSS et un renforcement du bonus à l’emploi.
  • L’ambition est qu’un travailleur gagne « toujours 500 € net de plus » qu’une personne inactive.

2. Flexibilité renforcée

  • Fin de la notion de « travail de nuit » dès 20 h : désormais, c’est à partir de minuit, ce qui retarde l’application du sursalaire.
  • Période d’essai réintroduite : un contrat peut être rompu avec un préavis d’une semaine pendant les six premiers mois.
  • Annualisation du temps de travail possible (horaires « accordéon », moins d’obligation d’heures hebdomadaires fixes).

3. Droit à la démission

  • Valable une fois dans la carrière, pour un salarié totalisant au moins dix ans de travail.
  • Donne droit à six mois d’allocations de chômage (un prolongement possible si la personne suit une formation dans un métier en pénurie).

4. Heures supplémentaires

  • 180 heures fiscalement avantageuses (taux plus favorable).
  • Un système « attractif » pour 360 heures sup’ volontaires (dont 240 sans sursalaire, mais net=brut).
  • Objectif : donner de la souplesse aux entreprises et un complément de revenus au salarié.

La mesure « coup de projecteur »

  • Salaires minimums rehaussés : l’Arizona promet des augmentations en deux étapes, avec un mécanisme de compensation pour éviter de trop peser sur les employeurs.

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : La hausse du net, surtout pour les bas salaires, accroît le pouvoir d’achat et encourage l’emploi.
  • Point négatif : La flexibilité accrue (notamment la suppression du sursalaire avant minuit) peut diminuer la rémunération supplémentaire que l’on attendait du « travail de soirée ». Le droit à la démission, s’il n’est pas bien anticipé, peut déboucher sur une situation précaire.


4. Indépendant

Ce qui change

1. Quotient conjugal réduit de moitié d’ici 2029

  • Le quotient conjugal permettait jusqu’ici d’imputer une partie des revenus professionnels sur le conjoint à faible revenu.
  • À terme, cet avantage fiscal (souvent utile pour les indépendants dont le conjoint travaille peu ou pas) va quasi disparaître.

2. Suppression de la déduction des intérêts immobiliers (hors résidence principale)

  • Si vous avez contracté un prêt pour l’achat d’un local professionnel ou d’un investissement locatif, vous ne pourrez plus déduire les intérêts de votre base imposable.
  • Cela peut augmenter la pression fiscale pour ceux qui comptaient sur cette déduction pour alléger leurs revenus taxables.

3. Mesures de simplification

  • Les indépendants pourront aussi bénéficier du budget mobilité.
  • Les éco-chèques, chèques culture disparaissent, mais les chèques-repas peuvent monter jusqu’à 12 € (s’ils se versent un statut similaire à celui d’employé dans leur société, le cas échéant).

4. Alignement sur d’autres réformes

  • Périodes assimilées (maladie, congés de maternité) : on attend plus de détails sur la manière dont elles seront traitées pour la pension ou les cotisations.

La mesure « coup de projecteur »

  • Plafonnement repoussé de la déductibilité pour véhicules hybrides : jusqu’à 75 % en 2027, avant de diminuer. Cela peut continuer à être un atout pour les indépendants qui investissent dans ce type de véhicule.

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : Les indépendants profitent, comme les salariés, d’une quotité exemptée relevée et d’une CSSS réduite. Les véhicules « propres » restent encore intéressants fiscalement durant quelques années.
  • Point négatif : Le quotient conjugal était un pilier d’optimisation pour beaucoup de couples d’indépendants, sa réduction va peser sur l’impôt. De plus, la fin de la déduction des intérêts pour un bien locatif ou un atelier professionnel représente un manque à gagner considérable.


5. Dirigeant d’entreprise

Ce qui change

1. Nouvelle politique de rémunération

  • Le seuil de 45.000 € pour bénéficier du taux réduit ISoc (20 %) passe à 50.000 € minimum, et sera indexé.
  • Les avantages en nature (voiture de fonction, logement de fonction, etc.) ne pourront plus dépasser 20 % du salaire brut du dirigeant (au-delà, ils sont réintégrés comme revenu imposable).

2. Carried interest (dirigeant investisseur)

  • Taux distinct de 30 % pour cette forme de rémunération indexée sur la performance des fonds (private equity, etc.).
  • Jusqu’ici, certains montages se voyaient appliquer 15 % (si considéré dividende) ou 50 % (si requalifié en rémunération). Désormais, un cadre plus stable serait proposé.

3. Droits d’auteur pour logiciels

  • Le régime (15 % jusqu’à ±73.000 €) est réintroduit pour les concepteurs de programmes informatiques, annulant l’exclusion de 2023.
  • Un énorme avantage pour les sociétés IT et startups innovantes.

4. Exit tax et régime RDT

  • Confirmation d’une imposition en cas d’émigration de la société (liquidation fictive).
  • La déduction RDT (revenus définitivement taxés) devient une exonération, avec relèvement du seuil de participation (4 millions d’€ pour les grandes entreprises), sous réserve d’immobilisation financière.

La mesure « coup de projecteur »

  • Plafonnement des avantages en nature : bouleversement majeur pour ceux qui, jusqu’ici, optaient pour un salaire net modeste et compensaient en ATN (logement, voiture, etc.). Un vrai changement culturel en perspective.

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : Le retour du régime droits d’auteur pour logiciels est très apprécié dans l’économie numérique. Le carried interest à 30 % clarifie la situation pour les gestionnaires de fonds.
  • Point négatif : Le plafonnement à 20 % d’ATN exige de repenser la stratégie de rémunération. L’« exit tax » reste floue sur certains points (compatibilité avec le droit européen, etc.).


6. Investisseur

Ce qui change

1. Taxe sur les plus-values (contribution de solidarité)…

  • Imposition à 10 % sur les gains financiers (actions, crypto, etc.), hors gestion normale du patrimoine.
  • Abattement annuel de 10.000 € pour protéger les petits investisseurs.
  • Moins-values imputables uniquement sur la même année (pas de report).

2. … progressive pour les participations importantes (≥20 %)

  • 1 million € d’exonération.
  • 1,25 % entre 1 et 2,5 millions, puis 2,5 %, 5 % et 10 % au-delà de 10 millions.
  • L’idée est de favoriser les créateurs d’entreprises qui revendent une participation significative.

3. Taxe sur les comptes-titres

  • Maintenue à 0,15 %.
  • Mais le gouvernement veut renforcer la lutte contre les stratégies d’évitement (fragmenter ses comptes, etc.).

4. Fin de la déduction d’intérêts immobiliers

  • Les multipropriétaires ne peuvent plus déduire les intérêts liés à leurs biens de placement, ce qui réduit fortement l’avantage de l’immobilier locatif (déjà régionalisé en partie).

La mesure « coup de projecteur »

  • La fin de l’exception belge : jusqu’ici, les plus-values mobilières n’étaient pas ou peu imposées (sauf spéculation). Désormais, c’est un taux de 10 % standard, plus élevé que zéro, certes, mais encore modeste comparé à la moyenne européenne.

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : Le taux de 10 % reste compétitif par rapport à certains pays taxant davantage les plus-values. L’exonération de 10.000 € protège les investisseurs modestes.
  • Point négatif : Les règles s’empilent (taux sur plus-values 10 %, RDT, taxe comptes-titres…), rendant le système plus complexe. La déductibilité des moins-values strictement limitée à l’année en cours est décevante pour les traders actifs. Quant à la suppression de la déduction d’intérêts immobiliers, c’est un coup dur pour qui investit dans plusieurs biens.


7. Pensionné

Ce qui change

1. Bonus-malus pension

  • Partir avant la pension anticipée implique une réduction progressive de la pension (jusqu’à 5 %/an après 2040).
  • À l’inverse, continuer à travailler donne droit à un bonus (2 %, 4 %, puis 5 %).
  • Vise à encourager les gens à rester plus longtemps en activité.

2. Réduction des périodes assimilées

  • Au-delà de 40 % de la carrière en 2026 (puis 20 % en 2031), les périodes d’inactivité (chômage, crédit-temps, etc.) ne compteront plus pour le calcul de la pension.
  • On veut ainsi « densifier » la carrière.

3. Suppression progressive des pensions de ménage, de survie, de divorce

  • À terme, ces systèmes disparaîtront, remplacés par une allocation de transition pour le conjoint survivant, ou d’autres formules.
  • Objectif : harmoniser entre salariés, indépendants et fonctionnaires.

4. Alignement de la pension des fonctionnaires

  • Militaires, personnel SNCB, etc. verront leurs régimes préférentiels reculer d’un an par an à partir de 2027.
  • Les fonctionnaires statutaires calculeront la pension sur une base plus large (in fine, la moyenne des 45 années de carrière).

5. Pension mi-temps

  • Possible à 60 ans, si l’on remplit les conditions de la pension anticipée. On perçoit une demi-pension et on travaille à mi-temps.

La mesure « coup de projecteur »

  • Malus pour retraite anticipée et bonus pour prolongation : c’est la toute première fois qu’on met en place un système miroir. Le gain ou la pénalité peut aller jusqu’à plusieurs pourcentages par an, ce qui est loin d’être négligeable.

Mon avis de fiscaliste

  • Point positif : Le bonus encourage réellement ceux qui le souhaitent à prolonger leur carrière, tout en percevant une pension plus élevée.
  • Point négatif : Les conditions se durcissent pour avoir une pension complète, avec la réduction des périodes assimilées. Les personnes ayant connu de longs arrêts risquent de subir un impact financier important. La disparition des pensions de ménage/survie est un défi pour certains ménages un peu plus âgés.


Conclusion

En conclusion, l’Arizona est synonyme de changements majeurs pour la fiscalité et le marché du travail en Belgique. Si l’on résume les principaux axes :

  1. Inciter à travailler plus : augmentations de salaires nets, réduction de la durée d’indemnisation chômage, flexi-jobs étendus, incitants à la prolongation de carrière (bonus pension).
  2. Limiter des avantages fiscaux : fin partielle du quotient conjugal, déduction pour dons rabotée, pensions alimentaires moins déductibles, fin de la déductibilité pour les intérêts immobiliers (hors logement principal).
  3. Taxation plus large : plus-values à 10 %, contrôle renforcé des comptes-titres, etc.
  4. Démantèlement progressif de certains régimes : pensions de ménage, spécificités militaires/SNCB, etc.

Selon votre profil (étudiant, salarié, indépendant, dirigeant, investisseur, pensionné), vous trouverez dans ces mesures tantôt un soulagement (salaire net plus élevé, chèque-repas majoré…), tantôt une contrainte nouvelle (taxe sur les plus-values, fin de déductions…). L’essentiel est de bien anticiper ces changements et de revoir, si nécessaire, votre organisation financière ou professionnelle.

D’un point de vue strictement fiscal, la Belgique se rapproche des pays où le capital est taxé de façon plus systématique. Pour les ménages et les entreprises, c’est un « donnant-donnant » : on prend d’un côté (fin de déductions ou de certains avantages) et on donne de l’autre (hausse de la quotité exemptée, salaires nets plus élevés). Il reste à suivre de près les mesures transitoires et précisions législatives, certaines réformes n’étant pas encore finalisées dans leurs modalités.

Quoi qu’il en soit, se tenir informé et adapter sa stratégie patrimoniale ou professionnelle à ces réformes semble indispensable pour préserver (voire optimiser) son pouvoir d’achat.

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