L’horeca face aux défis du modèle social et fiscal

Nous connaissons tous au moins un ou deux restaurants qui ont fait faillite ou qui ont dû fermer au cours des derniers mois. Pour certains d’entre eux, c’est la conséquence à long terme de l’irresponsabilité du gouvernement à l’époque des confinements. Ceux-ci, répétés pour de très longues périodes, ont ruiné des entreprises qui fonctionnaient, tout cela pour des résultats inexistants en matière de santé.

L’État a osé appeler “aide” le report de l’exigibilité de certaines cotisations sociales. Alors que ces PME ne touchaient plus aucun revenu par la faute d’une réglementation étatique qui les empêchait de travailler, on a prétendu les “aider”, non pas en annulant des cotisations qui frappaient une activité devenue inexistante, mais en accordant seulement un délai de paiement. Bien sûr, aujourd’hui, devant payer à la fois les cotisations de l’époque et celles d’aujourd’hui, les unes et les autres trop élevées, beaucoup d’entreprises ne s’en sortent pas.

Mais, à côté de cela, il y a aussi tous ces restaurants et cafés qui ne parviennent plus à fonctionner, tout simplement parce qu’ils ne trouvent plus de personnel. Là, le problème est différent, mais est lui aussi imputable à l’État, ou plus précisément à ce qu’il présente comme un “modèle” social.

L’État fait tout pour éviter le paiement en espèces, qu’il voit systématiquement comme étant du “noir”. Le résultat est que les clients, qui paient de plus en plus souvent par carte, n’ont plus le réflexe de donner un pourboire en espèces aux serveurs. Il faut aussi le dire, parce que la lourdeur excessive des prélèvements obligatoires, impôts et cotisations sociales est tout simplement ingérable pour ces entreprises, depuis qu’il n’existe plus un petit volant, certes illégal, non déclaré, beaucoup de membres du personnel en ont assez de travailler.

Sans doute est-il déplorable qu’une partie d’un secteur économique ait à ce point dépendu de pratiques illicites, mais c’est davantage dû à un excès de charges qu’à une volonté de lucre de la part des exploitants. Tout simplement, beaucoup d’entreprises cessent d’être viables lorsqu’on respecte les règles de ce “modèle social”, fondé sur la lourdeur des taxes et autres prélèvements.
C’est aussi pour cela que beaucoup de membres du personnel de l’horeca préfèrent cesser de travailler. Être payés à un salaire net dérisoire, parce que l’État vous prend une part trop importante de ce que vous gagnez, n’est plus un incitant suffisant pour travailler.

On parle souvent de ceux qui quittent la Belgique parce que les impôts y sont trop lourds, de la fuite des capitaux ou de la fuite des cerveaux. Il y a aussi une fuite devant le travail, tout simplement, même parmi les “travailleurs pauvres”. Il ne faut pas s’imaginer que l’on va résoudre ce problème simplement en modifiant le barème fiscal des petites tranches d’imposition, pour augmenter un peu la différence entre le revenu net de celui qui travaille et de celui qui ne travaille pas.

Une réforme fiscale aussi limitée, comme celle proposée par le ministre des finances Vincent Van Peteghem et apparemment avalisée par le formateur Bart De Wever, est tout à fait insuffisante. L’effet d’une telle mesure sera certes réel, mais
très nettement insuffisant pour ramener au travail tous ceux qui l’ont fui à cause des impôts.

Il faut que nos gouvernants cessent de s’obstiner à chercher des solutions qui préservent aussi notre modèle social d’État providence. Il n’y aura aucune solution tant qu’on n’acceptera pas de remettre en cause celui-ci, en commençant par tout ce qu’il comporte de manifestement excessif.

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