Chaque année, la déclaration à l’impôt des personnes physiques suscite son lot de questions et d’inquiétudes. Si l’exercice semble balisé, les pièges sont nombreux : mauvaise compréhension des données préremplies, oublis d’attestations, confusion entre exonérations et déductions… Pour l’exercice d’imposition 2025, la vigilance est d’autant plus de mise que plusieurs avantages fiscaux vivent leur dernière année. Le gouvernement fédéral a annoncé une série de suppressions à compter de l’Ex. Imp. 2026. Voici donc les clés pour bien déclarer… et anticiper.
La déclaration part de votre foyer. Premier point délicat : la détermination des personnes à charge. Le SPF Finances se base sur le Registre national, mais celui-ci ne reflète pas toujours les réalités vécues. Ainsi, un étudiant domicilié dans son kot peut toujours être à charge de ses parents. À l’inverse, un enfant peut, par erreur, être attribué au mauvais parent en cas de séparation. Même des situations ponctuelles, comme l’accueil temporaire d’un parent âgé, peuvent induire en erreur si elles ne sont pas signalées.
Une vigilance particulière s’impose aussi pour les rentes alimentaires versées à un enfant. Une première tranche de 3.490 € est exonérée, mais l’excédent peut faire perdre le droit à la déduction pour charge de famille. À partir de 8.595 € net annuel, l’enfant est considéré fiscalement autonome, ce qui peut peser lourdement dans le calcul de l’impôt parental.
Enfin, vérifiez avec précision la nature de votre bien immobilier. Déclarer votre habitation principale sous le mauvais code (celui des secondes résidences) est une erreur fréquente. Or, cela vous prive injustement de l’exonération d’impôt sur le revenu cadastral, ce qui peut représenter plusieurs centaines d’euros.
De nombreux contribuables ignorent qu’ils peuvent récupérer jusqu’à 249,90 € de précompte mobilier sur leurs dividendes. Il faut pour cela déclarer correctement les montants perçus (code 1437/2437) et pouvoir les documenter, les banques n’émettant pas toujours une attestation consolidée. En cas de contrat de mariage en séparation de biens, chaque conjoint peut bénéficier séparément de ce mécanisme, moyennant une attribution équilibrée des dividendes.
Autre avantage à ne pas négliger : les frais de garde d’enfants, souvent oubliés ou mal déclarés. Depuis 2022, ils ne sont pris en compte que s’ils sont justifiés par une fiche fiscale émise par l’organisme. Le montant déductible est porté à 16,40 € par jour, avec une réduction de 45 %. Ce mécanisme reste applicable même en l’absence de droit de garde, si l’on remplit les conditions pour bénéficier de la majoration de la quotité exemptée.
Les revenus professionnels doivent être minutieusement vérifiés. En cas d’activités multiples ou de contrats courts, il arrive que certaines fiches soient omises. Le montant à déclarer figure généralement en code 1250/2250, et doit être accompagné du précompte professionnel correspondant (code 1286/2286). En cas d’omission, le risque d’un redressement est réel, même lorsque l’intention n’était pas frauduleuse.
Enfin, n’oubliez pas que trois annexes sont devenues obligatoires en 2024 : pour la déduction de loyer professionnel, les constructions juridiques (trusts, fondations…) et les demandes de réduction pour bornes de recharge. Leur absence rend la déclaration irrégulière, même si elle paraît complète.
L’exercice d’imposition 2025 constitue une année charnière. Le gouvernement De Wever, via son accord de coalition dit « Arizona », prévoit une vaste refonte des réductions et déductions fiscales dès l’année suivante. Les mesures sont nombreuses et marquent un tournant clair dans la philosophie fiscale belge.
Dès l’exercice d’imposition 2026 (revenus 2025), plusieurs réductions disparaîtront purement et simplement :
La déduction des intérêts hypothécaires sera également fortement limitée : seuls les intérêts liés à des droits réels spécifiques (emphytéose, superficie) resteront déductibles. Les emprunts classiques ne donneront plus droit à une réduction d’impôt, même pour une habitation propre.
Enfin, la déductibilité des pensions alimentaires sera réduite progressivement : de 80 % aujourd’hui, elle tombera à 70 %, puis 60 %, et enfin 50 %. Cette mesure, présentée comme un levier d’équité fiscale, pourrait peser significativement sur certains ménages.
Il s’agit donc d’une véritable dernière chance de faire valoir ces avantages dans votre déclaration 2025. Pour les contribuables concernés, la planification fiscale devra être revue en profondeur dès l’année prochaine.
L’exercice d’imposition 2025 n’est pas une déclaration comme les autres. Elle clôt une période fiscale marquée par de nombreux avantages ciblés et amorce une réforme structurelle annoncée comme “rationalisatrice”. Pour les contribuables, c’est l’occasion de faire le point, d’éviter les erreurs et surtout, de maximiser une dernière fois les dispositifs encore en vigueur. Une déclaration bien préparée, c’est autant de sérénité aujourd’hui… que d’anticipation pour demain.
Cette article est destiné à être publie dans le dossier spécial IPP de la Libre