Réagir lorsque les fins de mois n'ont plus le même parfum

Celui qui traverse le mieux les épreuves reste celui qui est capable de s’adapter en toutes circonstances.

Ces derniers mois ont contraint de nombreuses entreprises au changement afin d’assurer leur continuité.

L’idéal étant de ne pas maintenir sa tête dans le sable et surtout être conscient qu’il est encore temps de prendre des mesures fortes afin de vous octroyer une chance de relance.

OUVRIR LES YEUX EST UN ANTIDOTE AU DÉSESPOIR » - Sylvain Tesson

Vous souhaitez voir un sujet traité dans ces pages et/ou partagez vos impressions ?

Envoyez votre demande à :

communication@anticiper.tax
Ce qui suit ne constitue pas un conseil personnalisé

1. LES SIGNAUX QUI DOIVENT VOUS ALERTER

Généralement, la contraction du cash reste le meilleur thermomètre d’une activité exposée aux difficultés.

Plusieurs facteurs se combinent dont ces principaux ;

  • Déclin de rentabilité ;
  • Retards dans vos payements ;
  • Carnet de commande en berne ;
  • Fonds propres faibles ou négatifs ;
  • Litiges ;
  • Associé/Administrateur endetté envers sa société ;
  • Etc.

2. COMBINAISON D’ACTIONS RAPIDES ET EFFICACES

Votre premier réflexe devrait être d’établir une vue précise chiffrée de votre situation, mais surtout des perspectives réalistes.

De la même manière que ceux qui écrivent leurs objectifs parviennent à les réaliser avec plus de force que ceux qui ont une vague bonne intention en dégustant le cœur de l’an neuf.

> 1. Recouvrement énergique

Plusieurs entreprises florissantes se sont elles-mêmes retrouvées dans les difficultés en raison du fait que leurs propres clients étaient négligents dans le payement de leurs factures.

Nous avons donc décidé d’offrir à nos clients la faculté de pouvoir recourir à un service de recouvrement via le bureau d’huissiers avec qui nous collaborons.

> 2. Promotion de vos produits et services

L’adage populaire enseigne aux entrepreneurs ce simple constat : “Qui voit achète”.

Sous prétexte de limiter ou supprimer le cout de publicité, cela risque fort de produire l’effet inverse. Il existe des solutions simples et peu coûteuses pour accroître votre visibilité.

> 3. Dispense cotisations sociales

En tant qu’indépendant/administrateur, vous pouvez demander une dispense auprès de votre caisse d’assurances sociales ou directement auprès de l’INASTI : mailbox-dvr@rsvz-inasti.fgov.be

> 4. Rééchelonnement financement

L’un des principaux chantiers du siècle dernier aurait pu péricliter avant même son exploitation, il s’agit de l’Euro-tunnel.

Les 174 banques ont été sollicitées pour réduire l’endettement qui équivalait à 10 ans de chiffre d’affaires, ce qui était intenable.

Sur base des prévisions chiffrées que vous aurez pu établir, vous serez à même de connaitre votre capacité de remboursement et tenter d’obtenir en concertation avec votre banquier un réaménagement de votre dette.

> 5. Quels sont vos frais réellement utiles à la croissance de vos revenus

Chaque frais passé au crible, devrait vous permettre de répondre à la question : “Quelle est sa réelle contribution à l’augmentation de mon chiffre d’affaires ?”.

Ceci sans oublier que la décroissance de vos frais n’est rien sans une augmentation de vos revenus.

> 6. Intégrer un processus d’amélioration continue

L’analyse des causes racines des défaillances est un réflexe à adopter et ce régulièrement. Agir en amont avant la survenance de catastrophe n’a pas de prix.

Ed Catmull (Pixar) considère qu’il n’existe pas de « petit » problème, tôt ou tard sans réaction appropriée, ils se transformeront en véritable Scud.

Les entreprises japonaises sont celles ayant initié cette approche qui consiste à résoudre directement un souci avant qu’il ne prenne de l’ampleur même si cela doit provoquer l’arrêt total d’une chaine de production.

3. DÉCISIONS PLUS PROFONDES

> 1.Vente d’actif / actions

Combinée à l’analyse de la pertinence de certains frais, celle de la performance de vos investissements s’impose.

Récupérer de la trésorerie pour un actif sous exploité est aussi une bonne initiative.

Et si vous aviez l’opportunité de céder les actions de votre entreprise, au bon moment mais malgré un prix décoté, quelle serait votre décision ?

Dans ce cas, veillez que vos éventuelles garanties personnelles cessent au moment de la vente.

> 2. Fusion avec ce qui était un concurrent/partenaire

La combinaison des forces et la mise en place de synergies peut se faire par une fusion en vue de rationaliser des activités. Post restructuration, les actionnaires recevront des actions de l’entité fusionnée et plus de son entreprise individuelle.

L’intérêt d’une fusion peut être de regrouper au sein d’une seule entité plusieurs sociétés qui ont une/des activité(s) analogues/complémentaires.

On dit qu’elle est silencieuse, par exemple, lorsqu’une Mère absorbe sa Fille, dans ce cas un rapport de réviseur n’est pas imposé.

Et l’inverse lors d’une scission, le souhait est d’isoler des activités dans des structures différentes.

Par exemple, un patrimoine immobilier dans une entité distincte des (risques des) sociétés opérationnelles.

> 3. Liquidation

Dans certains cas, la vraie bonne résolution est de mettre un terme à votre activité sans espoir de redressement. Et pourquoi pas, plus tard, la ressusciter sous une autre forme avec d’autres partenaires.

Il est vrai que le paradoxe est que le cout de liquidation est souvent plus élevé qu’une constitution. Bien que maintenir en vie une société moribonde est un pire calcul.

Il existe une procédure simplifiée qui permet de ne pas désigner de liquidateur homologué par le Tribunal. La liquidation dite « en un seul acte notarié » est uniquement possible en l’absence de dettes envers les tiers.

4. MESURES DE SAUVEGARDE

> 1. Procédure en Redressement Judiciaire (PRJ)

On pourrait résumer cette procédure au fait de demander le gel de vos dettes pendant une période courte, sujette à l’approbation du Tribunal de l’Entreprise, éventuellement renouvelable pour des justes motifs.

Par ailleurs, l’intérêt est aussi de solliciter auprès de vos créanciers un abattement de leurs dettes afin de permettre à votre entreprise de laisser derrière elle ces sombres moments.

> 2. Surséance indéfinie au recouvrement

Quand vos dettes fiscales sont telles qui l’est devenu inenvisageable de les apurer, il est possible, dans certains cas, de demander la surséance indéfinie au recouvrement.

Concrètement, il ne vous sera plus demandé d’honorer votre dette fiscale.

5. PRINCIPALES MESURES CORONA ENCORE ACTIVES

Sans prétendre être exhaustif, les mesures encore disponibles et qui concernent le plus d’entrepreneurs ;

> 1. Financements/Primes régionales

  1. Bruxelles
    1. Primes COVID
    2. Prêt à taux réduit
    3. Prêt proxi
    4. Prêt loyer commercial
  2. Wallonie
    1. Prêt Ricochet-Relance (max 100 K EUR)

> 2. Droit passerelle de crise dans ces circonstances

  1. Depuis octobre 2021, si interruption totale de votre activité ;
  2. Baisse de votre chiffre d’affaires ;
  3. Mise en quarantaine ou soins apportés à un enfant.

> 3. Report cotisations sociales

Cette faculté sans être une dispense (cf. supra) est une mesure prolongée théoriquement jusqu’à fin 2021. La demande se fait également auprès de votre caisse d’assurances sociales.

> 4. Déduction majorée pour investissements

En diminution de la base imposable, le taux est de 25 % (vs. 8 %) équivalente à la valeur d’acquisition d’un investissement neuf, situé en Belgique, uniquement affecté à l’activité professionnelle et amortissable en minimum 3 ans. Cette mesure est applicable jusqu’à fin 2022.

> 5. Réserve de reconstitution

Cette mesure vise à renforcer la Solvabilité des entreprises ayant éprouvé une perte d’exploitation en 2020 en raison de l’ampleur de la crise.

La Solvabilité est un indicateur du niveau de (non-)endettement d’une entreprise et se calcule comme détaillé ci-dessous.

L’attrait de cette mesure réside dans le fait d’immuniser le bénéfice imposable de l’exercice jusqu’à un montant équivalent à la perte d’exploitation de l’exercice 2020.

Cela concerne les bilans arrêtés au 31 décembre 2021, 2022 et 2023.

À lire en détails.

6. RÔLE PRÉVENTIF DE L’EXPERT-COMPTABLE

La Loi sur la Continuité des Entreprises (LCE) fait peser sur l’expert-comptable la responsabilité de demander à sa cliente en difficulté, les mesures qu’elle va pendre pour tenter de restaurer sa profitabilité et assurer ainsi sa pérennité.

En l’absence de cette communication et de la réponse de l’entreprise, la responsabilité du professionnel pourra être engagée en cas de faillite.

Avec un succès probablement mitigé en termes de confiance entre le professionnel et son client, le législateur a souhaité que l’expert-comptable informe le Tribunal de l’Entreprise dans la mesure où le plan de redressement semble insuffisant. Dans ce cas, le secret professionnel ne s’applique pas.

7. AVANT DÉMARRAGE OU APRÈS REDRESSEMENT

Il est possible pour les indépendants de placer leur habitation sous protection de leurs créanciers. De cette manière, les dettes professionnelles impayées ne pourront plus menacer la saisie pour vente de son immeuble.

Cette déclaration d’insaisissabilité se fait obligatoirement devant un notaire pour un cout de +/- 600 EUR.


QUE FAUT-IL EN RETENIR ?

C’est l’inertie qu’il faut vaincre et inverser la tendance négative, des solutions simples et pragmatiques trouvent à s’appliquer, vous devez éviter de laisser votre situation se dégrader.

Votre responsabilité et solidarité de paiement pourrait également être engagée (à lire également).

Cela demande un progressif effort de sortir des difficultés pour aborder un avenir plus serein. Le dialogue avec votre environnement est la clé.

Avant de connaître le succès, de très nombreux entrepreneurs, ont connu des échecs sans être devenus irrévocablement résignés.

Averse ou naufrage ? Assurez-vous de bénéficier d’un regard externe sur votre situation afin d’obtenir le bon diagnostic.

Soyez partisans des solutions réfléchies et guidées par vos conseils ainsi que par ceux qui ont expérimenté ce que vous vivez.

Thomas DRAGUET thomas@anticiper.tax
ANTICIPER SRL, Expert-comptable Conseil fiscal certifié
+32 475 748 279 │www.anticiper.tax

Source : anticiper.tax, novembre 2021

Mots clés